C’est, en euros, le montant de recettes fiscales liées à la vente de tabac qui va manquer à l’Etat par rapport aux prévisions faites pour composer le budget 2024. Autrement dit, le ministère de l’Economie et des Finances, qui n’est pas à une erreur de calcul près dans son évaluation du déficit budgétaire, a grossièrement surévalué les rentrées que lui procure le tabac. Et il semble que cela ne va pas s’améliorer. Si le prix du paquet augmente sans cesse sous l’effet des taxes, le rendement de ces taxes baisse. Le prix moyen est passé de 3,20 euros en 2000 à 12 en 2024, soit une hausse de 275 % en 24 ans. Or, si les recettes des taxes ont connu un pic (14,841 milliards, hors TVA), elles ne devraient atteindre que 13,6 milliards en 2024 selon Bercy, soit une baisse de 8,35 % en 4 ans, alors que le prix du paquet a crû de 3,45 %. Explication, le nombre de paquets vendus dans les bureaux de tabac a baissé de 18,7 %, passant de 1,82 à 1,48 milliards en 2023. Avec ça, l’objectif officiel de toutes les taxes, le recul du tabagisme, n’est pas atteint. Si la prévalence tabagique a légèrement décru entre le pic de 2020 et 2022 (-4 %), Santé Publique France a oublié de publier les chiffres de 2023 comme elle le fait d’habitude, ce qui laisse présager une remontée. C’est aussi ce qu’on peut déduire du développement du marché noir : près de 40 % des cigarettes consommées en France seraient achetées au marché noir. La hausse des prix des cigarettes ne profite ni à l’Etat ni à la santé publique – mais aux trafiquants.