Genre : Jordan Peterson plie mais pour se battre en faveur de la liberté d’expression

 

Dans un grand article paru le 14 septembre dans le National Post, Jordan Peterson annonce la couleur : il accepte de se soumettre au cours de rééducation à durée indéterminée sur l’utilisation des réseaux sociaux, réclamé par l’Ordre des psychologues de l’Ontario. Le célèbre psychologue était allé jusqu’à la Cour suprême du Canada et le verdict est tombé au début du mois d’août : le tribunal a rejeté définitivement son appel.

Il aurait très bien pu se soustraire à cette (dé)formation qu’on veut lui imposer comme « punition » : la perte de sa licence, alors irrémédiable, n’aurait pas véritablement changé le cours de sa vie. Mais il veut aller au bout du combat, dans cette « guerre culturelle » menée par tous les tenants du wokisme. Il veut porter la liberté d’expression aussi loin qu’il le pourra – et ce pour tous les Canadiens. Une ténacité qu’on ne peut que saluer, lorsqu’on sait la capacité de nuisance de ces lobbies idéologiques, aveuglément et lâchement suivis par les administrations en tout genre.

 

Jordan Peterson : « Je suis prêt pour ma rééducation. Qui sera mon tuteur ? »

Les nombreuses plaintes déposées contre lui depuis quelques année, avaient tous les styles et n’émanaient pas seulement du Canada, des partisans du genre aux fanatiques du climat, en passant par les zélateurs de la décroissance ou les adeptes de la vaccination à tout crin. Les critiques du célèbre psychologue étaient pourtant toujours constructives, jamais agressives et pleines d’un humour sain et vrai. Mais il avait bien trop de succès pour qu’il ne devienne pas une cible à abattre : les 8,27 millions d’abonnés de sa chaîne YouTube en témoignent.

« J’ai accepté la décision du collège, même si les soi-disant “experts en réseaux sociaux” recommandés par ce conseil sont membres d’une profession qui n’existe pas, et qu’il n’y a aucune preuve que leurs recommandations visant à modifier mon comportement, quelles qu’elles soient, auront un effet quelconque sur l’amélioration de ma capacité à fonctionner en tant que psychologue professionnel ».

Que risquait-il en cas de refus ? La perte de sa licence, de son statut de psychologue clinicien et sa réputation (quoiqu’il y ait des défaites où le panache est bien plus grand !). Mais Peterson, comme il l’écrit, n’a besoin ni de subsides, ni d’une image de marque : il possède les deux, et il n’exerce plus une activité clinique active depuis tout ce remue-ménage. Alors, pourquoi se charger d’un tel pensum, sous l’égide d’individus qui ont tout fait pour l’anéantir ?

 

Lutter pour la liberté d’expression de tout un chacun

« Il ne s’agit pas seulement de moi », écrit-il. « Si je capitule de quelque manière que ce soit – si je démissionne tout simplement ou si je règle ma situation d’une autre manière sans aborder les questions publiques soulevées par cette affaire – alors tous les ingénieurs, enseignants, avocats, médecins, psychologues, etc. au Canada continueront de courir un risque pour leur réputation, leur sécurité financière et leurs moyens de subsistance chaque fois qu’ils oseront ouvrir la bouche. »

Et pourtant, « il viendra un moment dans la vie de tous, sauf des plus chanceux, où les conseils d’un avocat, d’un médecin ou d’un psychologue qui ose dire la vérité feront une différence cruciale, voire vitale. Il serait terriblement dommage que, dans de telles conditions, le professionnel en question se sente obligé de mentir ou de garder le silence », dit-il.

C’est donc pour les autres que Jordan Peterson va aller jusqu’au bout du processus pour pouvoir témoigner, et d’une, des méthodes employées, et de deux, tenter le tout pour tout, pour enrayer la machine. « Je ne me reposerai pas tant que ces poursuites politiques ne prendront pas fin une fois pour toutes », promet-il.

 

« Une recette pour la tyrannie »

Peterson ne joue ni les fiers à bras, ni les provocateurs. C’est un homme éminemment posé qui, en lieu d’une stérile querelle, préfère la sagesse d’une issue raisonnée et raisonnable, donnant au désir de justice la première place. « Ainsi, il y a deux voies que je dois éviter si je veux rester un acteur moral dans cette pièce d’absurdité. Je dois refuser de faire la paix tant que des changements réels, évidents et profonds n’auront pas lieu dans le processus de plainte, de règlement et de réglementation professionnelle. Mais je dois aussi renoncer aux délices de la vengeance, qui, dans les circonstances actuelles, me semblent une immense tentation », écrit-il.

Très concrètement, il propose de revenir sur certains outils qui autorisent des plaintes injustifiées, comme cet incroyable système en ligne qui permet à n’importe quel citoyen du monde de mettre en accusation un psychologue qu’il n’a jamais consulté, sur la base d’assertions faites en dehors de tout contexte professionnel. A ce rythme-là, le flicage est total.

C’est proprement une bataille pour la liberté d’expression, contre « la capture idéologique » qui sévit non seulement au Canada, mais également dans tout l’Occident. Une bataille qui nous concerne tous : pouvoir parler, et donc, en réalité, pouvoir être informé. Mais la lutte pour le bien commun implique toujours un certain sacrifice. Peterson a vu son cabinet fermé à la suite de la fureur médiatique, sa réputation entachée, même dans sa rue, ses revenus diminuer, sans compter la fatigue mentale de ces combats répétés…

 

Contre « les acteurs négligents et volontairement aveugles de l’université »

« Il est impossible de décrire à quel point cette situation a été stressante et terrible, et les pulsions de rage et de vengeance que ces actions ont fait naître en moi. Leur pouvoir a été utilisé d’une manière inadmissible et qui menace la liberté de tous les Canadiens. Un homme beaucoup moins raisonnable aurait été amené au désespoir ou pire depuis longtemps par les machinations des acteurs invisibles, dans les coulisses, motivés par leur idéologie et leur soif de vengeance pour abuser de leur pouvoir », dénonce-t-il.

Mais il est prêt à les taire si des changements de politique, ainsi qu’il les suggère, étaient mis en œuvre. Pour lui, juste une chose : « Au minimum, je veux que mon casier judiciaire soit effacé. »

Nous suivrons donc cette bataille avec intérêt, d’autant que Peterson nous a promis un retour soigné sur les détails de cette mascarade : « Je ne vais absolument pas permettre à mon organisation professionnelle de manœuvrer comme elle le préfère à huis clos, dans le style secret que préfèrent tous les petits tyrans. » Les éclairages risquent d’être savoureux, bien que grimaçants.

 

Clémentine Jallais