C’est une retombée de la sanction imposée à Mgr Joseph Strickland, ancien évêque de Tyler, Texas, aux Etats-Unis, destitué il y a tout juste un an pour – tout le laisse croire – son approche trop traditionnelle de la foi et de la gouvernance catholiques… L’administrateur apostolique actuellement en chargé du diocèse vient d’annoncer la fin des messes traditionnelles dites « diocésaines » dans la cathédrale de Tyler, pour répondre aux exigences de Traditionis custodes telles qu’elles lui ont été signifiées par « Rome ». L’interdiction prendra effet le 30 novembre pour marquer l’entrée dans la nouvelle année liturgique.
Certes, la paroisse personnelle confiée aux prêtres de la Fraternité Saint-Pierre en 2003, Saint-Joseph-Artisan, continuera de proposer au fidèles la messe « tridentine » avec la bénédiction (qu’on imagine peu enthousiaste) de l’administrateur apostolique, Joseph Vásquez.
L’ancien diocèse de Mgr Strickland privée de messe traditionnelle diocésaine par Rome
Sa décision appelle quelques commentaires. Comme on l’apprend dans sa lettre aux fidèles, dont nous publions ci-dessous la traduction intégrale, celui qui signe « Joe S. Vásquez » a demandé au Dicastère pour le Culte divin et la Discipline des sacrements un guide de conduite à l’égard de ceux dont la pratique religieuse a pour cadre la religion traditionnelle.
S’il avait voulu conserver – pastoralement, pourquoi pas ! – cette faculté aux fidèles qui lui sont confiés, il n’aurait posé aucune question à ce Dicastère dont le préfet, le cardinal Arthur Roche, est notoirement hostile à la messe de saint Pie V. Les réponses sont en effet explicites dans le motu proprio Traditionis custodes dont il demandait l’interprétation romaine : pas de messe traditionnelle dans une paroisse (en ce qui concerne Tyler, la paroisse cathédrale de l’Immaculée Conception), et la mise en place de mesures pour que les amoureux de la liturgie de toujours s’en détachent et acceptent la liturgie réformée. Il ne fallait pas être grand clerc pour savoir que des restrictions seraient inévitablement recommandées. A moins d’être un naïf complet, c’est donc qu’il les attendait et désirait, et qu’il a eu ce qu’il a voulu – à moins que tout cela n’ait carrément été inscrit dans sa feuille de route en prenant la responsabilité de ce diocèse trop… catholique.
Retour aux années 1970 : la messe traditionnelle interdite à Tyler
On sait en effet que Traditionis custodes cherche à réduire à la portion congrue les sanctuaires diocésains où la messe est célébrée comme « avant 1962 » ; les fraternités et autres instituts dépendant jadis de la défunte commission Ecclesia Dei conservent le droit de célébrer la messe de leurs statuts, avec quelques bémols existants ou projetés ; les prêtres diocésains, surtout les plus jeunes, sont privés par principe de la liturgie traditionnelle et ne peuvent la célébrer que par dérogation vaticane. Ce régime tyrannique rappelle la traque des « traditionalistes » des années 1970 lorsque la messe de 1962 fut pratiquement interdite, au point de susciter une résistance qui aboutit à ce qu’on peut appeler une floraison dépassant largement le cadre des instituts « traditionnels ».
Des évêques dans d’autres contrées et pays n’écoutent que leur souci pastoral, et ne changent rien, quant à eux, voire augmentent le nombre de messes en forme « extraordinaire » proposées dans leur diocèse, même sur le plan diocésain. Et surtout, ils ne demandent rien au cardinal Roche. – J.S.
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Lettre de l’administrateur apostolique de Tyler au sujet de la messe traditionnelle
6 novembre 2024
Aux paroissiens de la cathédrale de l’Immaculée Conception, Tyler
Chers frères et sœurs dans le Christ,
Comme vous êtes nombreux à le savoir, la loi de l’Eglise régissant la célébration de la Messe selon le missel de 1962 (la messe telle qu’elle était célébrée avant le concile Vatican II) a subi une révision. En juillet 2021 le pape François a publié motu proprio la Lettre apostolique Traditionis custodes appelant les évêques diocésains à évaluer la place de ces célébrations au sein de la vie de l’Eglise locale et à aider les fidèles à s’unir dans la célébration de la liturgie selon les livres liturgiques approuvés par saint Paul VI et saint Jean-Paul II conformément au Concile Vatican II.
Après avoir été nommé administrateur apostolique du diocèse de Tyler, j’ai adressé une lettre au Dicastère du Vatican pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, demandant des directives sur la mise en œuvre de Traditionis custodes dans ce diocèse. Ayant récemment reçu une réponse du Dicastère, je veux partager avec vous quelques informations au sujet du chemin à prendre dans le diocèse de Tyler.
Suivant les directives du Saint-Siège, les célébrations selon le missel de 1962 à la cathédrale de l’Immaculée Conception prendront fin le 30 novembre 2024. Dans le même temps, l’utilisation du missel de 1962, en conformité avec les dispositions de Traditionis custodes, sera autorisée à se poursuivre à la paroisse Saint-Joseph-Artisan de Tyler, confiée à la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre. La paroisse Saint-Joseph-Artisan est une paroisse personnelle établie en 2003 pour assurer le soin pastoral de tous les fidèles du diocèse qui célèbrent selon les formes liturgiques antérieures.
Même si cette transition peut être difficile pour certains, c’est mon espérance que de vous voir ouvrir vos cœurs et avancer sur ce chemin avec foi et confiance. Je prie pour que vous puissiez faire l’expérience d’une union approfondie avec l’Eglise tout entière et une conscience plus grande des richesses liturgiques de la forme ordinaire de la liturgie romaine. En tant qu’administrateur apostolique, soyez assurés de mon souci pastoral à votre égard.
Sincèrement dans le Christ,
Très révérend Joe S. Vásquez,
Administrateur apostolique