C’est le nombre de citoyens helvétiques qui ont volontairement cessé de payer en 2023 l’impôt ecclésiastique à l’Eglise catholique suisse (qui lui permet de vivre), soit deux fois plus qu’en 2022 (34.561). Comme certains cantons ne suivent pas ce régime, le nombre d’apostats total en Suisse est plus élevé et grandit sans cesse : seuls 30 % des Suisses se disent encore catholiques, bien que cela soit la première religion du pays. Les abus sexuels dans l’Eglise accélèrent sans doute le phénomène, c’est du moins l’avis de Mgr Gmür, président de la Conférence des évêques de Suisse : « Le nombre élevé de départs était prévisible après la publication de l’étude pilote [menée par l’Université de Zürich en 2023] sur les abus. » Mais il sent bien que cette explication ne suffit pas à expliquer un phénomène d’une ampleur jamais vue : « Le tissu catholique connaît des évolutions rapides, jusqu’à se dissoudre complètement ; la foi n’est plus un élément déterminant de la vie quotidienne pour beaucoup, et sa transmission d’une génération à l’autre a diminué. » Il ne semble pas se demander si l’orientation moderniste qu’a prise le clergé n’y est pas pour quelque chose. Lui-même est partisan déclaré de l’abolition célibat pour les prêtres, de l’admission des femmes à la prêtrise et d’un changement de la doctrine morale catholique, notamment sur la question LGBT+. Et il conclut : « L’Eglise rétrécit, et malheureusement, c’est une tendance qui ne peut pas être arrêtée. » N’est-il pas dit quelque part que le désespoir est le pire des péchés ?