Après le yoga, la méditation orientale. L’Assemblée générale de l’ONU, à l’instigation de l’Inde qui co-sponsorisait la résolution, vient de faire officiellement du 21 décembre la « Journée mondiale de la méditation ». La résolution a été adoptée à l’unanimité des 193 représentants des pays membres, ayant été portée par les pays suivants : Andorre, Bangladesh, Bulgarie, Burundi, Inde, Islande, Liechtenstein, Luxembourg, Maroc, Maurice, Mexique, Monaco, Mongolie, Népal, Portugal, République dominicaine, Slovénie et Sri Lanka. Mais pour l’heure l’Inde est l’un des seuls pays où la nouvelle circule dans les médias.

La décision s’inscrit clairement dans le soutien de l’ONU à l’avènement d’une spiritualité globale et vient en complément à la Journée internationale du yoga, précédemment adoptée par l’ONU sur proposition du Premier ministre de l’Inde, Narendra Modi, en 2014. Celle de 2023 avait été présidée dans les jardins de l’ONU à New York par Modi lui-même.

La Journée mondiale de la méditation, écho de celle du yoga

Les deux journées ont été conçues pour se répondre d’année en année : pour le yoga, la date retenue est celle du solstice d’été, pour la méditation, c’est celle du solstice d’hiver. A l’ONU, on aime les symboles et on est prêt à adopter ceux de l’hindouisme.

Le représentant permanent de l’Inde aux Nations unies à New York, Parvathaneni Harish, a salué le vote de vendredi dernier sur son compte X :

« Heureux que l’Inde et les autres nations du groupe central aient mené l’adoption unanime de la résolution sur la déclaration du 21 décembre comme Journée mondiale de la méditation à l’Assemblée générale de l’ONU aujourd’hui. Le leadership de l’Inde en matière de bien-être humain global découle de notre dicton civilisationnel Vasudhaiva Kutumbakam – le monde entier est une seule famille. Le 21 décembre marque le solstice d’hiver qui, dans la tradition indienne, marque le début de l’Uttarayana, une période de l’année propice à la réflexion intérieure.

« L’Inde a pris l’initiative de déclarer le 21 juin, qui marque le solstice d’été, Journée internationale du yoga par l’ONU en 2014. En l’espace d’une décennie, cette journée est devenue un mouvement mondial qui a conduit des personnes du monde entier à pratiquer le yoga et à l’intégrer à leur vie quotidienne. »

Inséparables, donc, les deux journées s’inscrivent également dans la pensée et la religion hindoues, même si la méditation – comme pratique de la mindfulness ou « méditation pleine conscience » – est volontiers présentée au grand public comme une simple technique de conscience de soi et de conscience au monde, sans dimension confessionnelle.

L’ONU propage les traditions spirituelles de l’Inde

On lit ainsi dans l’hebdomadaire indien Organiser : « La sagesse ancestrale et les traditions spirituelles de l’Inde ont acquis une reconnaissance globale alors que les Nations unies ont déclaré le 21 décembre Journée mondiale de la méditation. Elle coïncide avec le solstice d’hiver, un moment profondément enraciné dans la tradition indienne, et reflète l’influence persistante du pays sur les pratiques de bien-être globales. » Le journal se réjouit de voir ainsi soulignée « l’importance de la méditation comme outil pour atteindre la paix intérieure et favoriser le bien-être holistique dans un monde toujours plus complexe ».

Et d’ajouter, en annonçant « un voyage collectif vers la résilience émotionnelle et l’équilibre intérieur » : « Cette résolution intervient à un moment où le monde est confronté à une augmentation du stress, de l’anxiété et des conflits. La mission indienne à l’ONU a souligné la pertinence contemporaine de la méditation, enracinée dans les traditions anciennes, comme moyen de relever ces défis. La méditation, a-t-elle souligné, favorise l’harmonie entre l’esprit et le corps, les individus et les communautés, l’humanité et la nature, offrant ainsi une voie holistique vers la paix. »

Ce langage vous semble très New Age ? C’est normal, il l’est, et il insiste sur le lien entre « l’humanité et la nature » qui est au centre du discours écologiste, non pour remercier le Dieu créateur de toutes choses de la beauté de l’univers, mais pour promouvoir le « grand tout » des religions orientale, le panthéisme de la conscience universelle.

La résolution de l’ONU pour la Journée mondiale de la méditation sous le signe de la spiritualité globale

On trouvera ici le texte de la résolution qui dit s’inscrire dans le cadre du « droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible » (ce qui n’a pas empêché l’ONU de prêcher les confinements covid, soit dit en passant), mais aussi dans la marche vers l’accomplissement des Objectifs du développement durable (ODD), l’« Agenda 2030 ». Il est intéressant de noter que la résolution affirme explicitement « le lien entre le yoga et la méditation, qui offrent des approches complémentaires de la santé et du bien-être » – ce qui montre bien que le yoga n’est pas une simple pratique physique mais bien l’expression d’une spiritualité, comme nous l’avons récemment souligné sur RITV.

Désormais, « tous les Etats Membres et Etats observateurs, les organismes des Nations Unies et les organisations internationales et régionales, ainsi que la société civile, y compris les organisations non gouvernementales et les particuliers » sont invités à « célébrer comme il convient la Journée mondiale de la méditation afin de sensibiliser aux bienfaits de la méditation ».

Le site de l’ONU est quant à lui doté d’une page de présentation de la nouvelle Journée mondiale, qui définit la méditation comme une « pratique ancienne qui consiste à concentrer son attention sur le moment présent » (et non sur Dieu).

Dans sa version anglaise, on trouve un lien vers une page intitulée : « Libérer vos émotions pour atteindre les ODD : la pleine conscience et la méditation au sein du gouvernement. » Elle s’ouvre sur ces mots : « Et s’il existait un outil capable d’aider les pays à éviter la guerre et à guérir après un conflit, d’aider les communautés à travailler plus étroitement ensemble et d’aider les gens à avoir de meilleures relations interpersonnelles, à se préoccuper davantage de leur environnement et à être de meilleurs citoyens du monde ? »

Tous en rangs !

Jeanne Smits