L’image de l’agriculteur dans son champ – y compris au volant de son engin dernier cri – risque de rejoindre rapidement celle du laboureur courbé sur la terre ou poussant la charrue derrière sa paire de bœufs, mais cette fois, l’avenir s’annonce plus radical : les nouveaux véhicules agricoles n’auront bientôt même plus besoin d’être guidés par l’homme, ni de près, ni de loin. Le constructeur John Deere vient d’annoncer le lancement d’une gamme de tracteurs et de véhicules agricoles ou de chantier, tels des camions-bennes, totalement autonomes. L’entreprise prévoit même un système de culture du maïs et du soja entièrement autonome d’ici à 2030. Autrement dit, l’intelligence artificielle et les robots géreront tout de A à Z sans intervention humaine… A sa façon, John Deere participe à l’obsolescence de l’homme.
L’entreprise avait présenté son premier tracteur sans conducteur en 2022 et consacre beaucoup d’efforts à la création de robots agricoles et de travaux : la marque John Deere affirme ainsi que les machines autonomes joueront un rôle crucial dans l’avenir de l’agriculture et contribueront à atténuer les problèmes de main-d’œuvre que connaît actuellement le secteur. Façon gazée de dire que l’homme sera bientôt et assez largement de trop.
Les tracteurs autonomes John Deere : des robots qui gèrent tout
« Lorsque nous parlons d’autonomie, il s’agit d’autonomie pleine et entière », s’est vanté Jahmy Hindman, directeur technologique de John Deere, à l’occasion du récent Consumer Electronics Show (Salon de l’électronique pour consommateurs) : « Il n’y a personne dans la machine » et celle-ci a été conçue pour bien réagir dans les « environnements complexes et uniques » où évoluent les agriculteurs. Le nouveau tracteur autonome présenté à cette occasion est déjà opérationnel chez des fermiers aux Etats-Unis pour préparer les sols pour la campagne de cette année, ce qui encourage John Deere à augmenter la cadence de production et l’offre d’autres types d’engins.
Un camion-benne articulé capable de transporter sans présence humaine près de 42.000 kilos en est un exemple emblématique, ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour les travailleurs dans les carrières et autres sites présentant des risques de sécurité. Mais c’est au prix d’une élimination de l’humain, puisque ledit camion « prend des décisions » et « évolue en toute sécurité » seul, sans surveillance. L’intelligence artificielle et la robotique seraient-elles donc infaillibles ?
En Californie, où le manque de travailleurs agricoles est désormais criant, John Deere espère distribuer des tracteurs sans chauffeur capables de répandre des pesticides, des régulateurs de croissances et des éléments nutritifs dans les fermes à noix et noisettes.
John Deere menacé de droits de douane par Trump
Même les « gros » particuliers sont visés puisque John Deere espère commercialiser une tondeuse autonome qui pourrait gérer seule l’entretien des jardins paysagés des entreprises.
On dit que l’arrivée massive des robots va créer des emplois puisqu’il faudra bien les concevoir, les fabriquer, les vendre et les gérer. A cet égard John Deere a aussi des idées avancées : la société entend délocaliser ses usines de production au Mexique.
L’ayant appris, Donald Trump a réagi vertement lors d’une table ronde fin septembre : « J’ai remarqué derrière moi, tout à l’heure, des tracteurs John Deere. J’en sais beaucoup sur John Deere. J’aime beaucoup cette société mais, ainsi que vous le savez, ils ont annoncé il y a quelques jours qu’ils vont déplacer une grande partie de leurs usines de production au Mexique. Je dis simplement à John Deere, ici et maintenant : si vous faites cela, nous allons mettre des droits de douane de 200 % sur tout ce que vous voudrez introduire aux Etats-Unis. »
Il suffit de vouloir, en effet.
Face à la menace de la robotisation démesurée, il faut aussi vouloir… mais il faut reconnaître que le mouvement de fond en ce sens est puissant. Plus puissant même, sans doute, que la première puissance économique mondiale que sont les Etats-Unis.