600.000 euros d’argent du contribuable pour financer des ateliers et des formations à la méditation pleine conscience : telle est la somme qui a été allouée par l’administration néerlandaise – on l’appelle au Pays-Bas la « majorité du royaume » (Rijksoverheid) – à un programme destiné aux fonctionnaires nationaux pour promouvoir une « psychologie positive » parmi leur nombre. Sous le nom de « Mindful Rijk », il s’inscrit parmi de multiples propositions de formation continue, certaines indispensables, d’autres… moins.
Le nom « rijk » signifie royaume en néerlandais ; le même mot sous la forme d’adjectif veut dire « riche ».
Ce module de méditation pleine conscience a été mis sur pied en 2018 en vue de « faire croître la capacité d’adaptation et les capacités réflexives des collaborateurs ». Apprendre à contempler son nombril pour, comme l’affirme le descriptif officiel, développer ces qualités, « indispensables pour pouvoir bouger à l’unisson des changements, gérer l’imprévisible, être en relation avec l’environnement et savoir continuer de travailler ensemble ».
La méditation pleine conscience à l’usage des fonctionnaires
Arriver à vendre un tel charabia relève certes du génie commercial. Mais en l’occurrence, ceux qui ont décidé de financer ce gadget y tiennent assez pour maintenir une dépense non négligeable à l’heure de la chasse au gaspi, alors qu’on cherche justement à économiser un milliard d’euros annuels sur le budget de la fonction publique néerlandaise d’ici à 2029.
« Mindful Rijk » propose différents types d’entraînement, qui vont du « dessin des contours de sa propre expertise professionnelle » de fonctionnaire à l’écoute consciente et à la valorisation de ses propres points forts. Un cours spécial porte le titre « méditation pleine conscience et ménopause ». Sous un format plus léger, l’équipe de cinq personnes à l’origine de « Mindful Rijk » propose des « points de recharge » hebdomadaires en visio afin de permettre aux fonctionnaires d’acquérir, « avec leurs collègues, les méta-compétences vous permettant de croître en vous développant davantage » (sic).
En 2024, 197 fonctionnaires au total ont fréquenté une formation et les ateliers numériques collectifs ont été suivis par 2.000 personnes. Le tout sous la houlette de l’Agence royale pour le développement, la numérisation et l’innovation… On imagine que les 5 collaborateurs de « Mindful Rijk » en profitent pour devenir riches en pleine conscience !
Les fonctionnaires néerlandais suivent gratis des formations woke
Mais là n’est pas le plus grave. L’introduction de techniques spiritualistes orientales est bien plus inquiétante que n’importe quel sou déboursé à tort. Car si la technique de la méditation pleine conscience semble, sur le papier, vouloir augmenter la conscience de soi et du monde qui entoure le sujet, elle impose une façon de procéder qui évacue la pensée et le raisonnement. Concentration sur le rythme de la respiration et sur les sensations corporelles assurent le repli sur soi. Le refus de juger qui est au cœur du procédé efface la distinction entre le bien et le mal. Au bout du chemin, on arrive à la dépersonnalisation, au court-circuitage de la pensée consciente. Et malgré tout ce que l’on dit sur l’adaptation purement technique de méthodes de relaxation exotique pour un public occidental, la dimension religieuse n’en est pas véritablement absente. Et ce n’est pas Dieu qu’on y adore.
Sans surprise, ces ateliers à 600.000 euros par an s’inscrivent dans un ensemble plus vaste et bien plus onéreux, où l’on propose aux fonctionnaires des formations sur la diversité, la gestion de l’inclusion, « le genre dans le cadre du conflit et de la crise »… Le contribuable néerlandais finance également un parcours en bateau intitulé « traces d’esclavage ».
Si la méditation pleine conscience se veut une forme d’éveil, il s’agit bien d’un éveil woke.