Plainte du gouvernement espagnol contre Mgr Reig Pla pour avoir prêché sur les conséquences du péché originel

 

Le gouvernement espagnol vient de porter plainte devant le procureur général, la « Fiscalía General del Estado », contre Mgr Juan Antonio Reig Pla, évêque émérite d’Alcalá de Henares, pour une récente homélie au cours de laquelle il avait expliqué que la souffrance, la maladie et la mort sont la conséquence du péché originel. Le sang du ministre des Droits sociaux n’a fait qu’un tour : dix jours après ces propos jugés intolérables, la Direction générale des droits des personnes handicapées dépendant de ce ministère a donc saisi la justice en estimant qu’ils pouvaient être constitutifs d’un « délit de haine » à l’égard des personnes handicapées.

En outre, un dossier d’information a été ouvert et il a été demandé à la Conférence épiscopale de condamner publiquement les déclarations de l’évêque et de prendre des mesures pour éviter qu’elles ne se reproduisent à l’avenir.

Etant donné que l’évêque s’appuyait directement sur l’enseignement de l’Eglise, il s’agit bel et bien pour le gouvernement socialiste de l’Espagne de contrôler ce qui est dit au nom de la foi et d’interdire certaines expressions de la doctrine catholique, en s’abritant de manière mensongère derrière les « droits » des handicapés.

 

Mgr Reig Pla a osé dire que le péché originel a fait entrer le mal dans le monde

Mgr Reig Pla avait pourtant prêché sur l’amour de Dieu pour tous les hommes, en mettant particulièrement l’accent sur les handicapés. Dire que l’amour de Dieu pour les plus faibles est une manifestation de « haine », passible d’une condamnation pénale qui plus est, voilà tout de même le comble de l’inversion et du mensonge. Et on peut dire que c’est signé…

Au cours de son sermon prononcé le 11 mai dernier à Alba de Tormes, le prélat avait cité plusieurs passages du Catéchisme de l’Eglise catholique afin d’offrir une vision théologique de la souffrance et de la condition humaine après le péché originel. Il avait notamment fait référence aux numéros 418, 1264 et 2448, qui traitent de la réalité de la souffrance, de la maladie et de la mort comme conséquences temporelles du péché, ainsi que de la nécessité de la miséricorde et de l’assistance pour ceux qui vivent dans des situations de misère ou de faiblesse.

Il n’a pas dit que les malades et les handicapés étaient punis pour leurs propres péchés.

Infocatólica rapporte que Mgr Reig Pla a invité ceux qui l’accusent aujourd’hui à écouter l’intégralité de l’homélie et à considérer le contexte doctrinal dans lequel elle a été prononcée. Il assure également de ses prières toutes les personnes, y compris celles qui manifestent leur opposition au dépôt de la foi contenu dans les Ecritures saintes et la Tradition. Et d’ajouter que si certaines personnes se sont senties offensées par ses paroles, cela ne reflète ni son intention ni le contenu réel de l’homélie. L’évêque a même contacté par téléphone la directrice de l’organisation « Plena inclusión Castilla y León » pour lui offrir personnellement ses explications, conversation qui, selon ce que l’on en sait, a été accueillie avec gratitude par la responsable de cette entité.

 

Le texte « controversé » de Mg Reig Pla sur le péché originel

Voici ce qu’avait dit Mgr Reig Pla dans son homélie il y a dix jours :

« Si la lampe de Dieu s’éteint, vers quoi nous tournons-nous ? Si Dieu est éclipsé, quels sont nos repères ? Où allons-nous ?

« Plus encore, d’où venons-nous ? Nous disons dans le Credo : “Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre.” Et dans le deuxième Credo de Nicée-Constantinople, nous disons “des choses visibles et invisibles”. Cela signifie que toi et moi venons de l’amour infini de Dieu qui nous a donné la vie à travers l’amour de nos parents. Et cela garantit ton origine.

« Tu n’es pas un échec depuis l’origine. Cela vaut aussi pour les enfants qui naissent avec un handicap physique, intellectuel ou psychique, qui constituent l’héritage du péché et du désordre de la nature. Cependant, ils ont été appelés par Dieu et ils trouvent aussi, tout comme nous, tout le fondement de leur existence en Dieu, qui est l’origine, le fondement et le but. »

 

La plainte du gouvernement espagnol, témoin de l’inversion infernale

La réaction des laïcistes du gouvernement espagnol résulte-t-elle d’un malentendu ? Ce n’est pas si sûr. En prétendant voir une « haine » à l’égard des handicapés chez un évêque catholique, ils font d’abord preuve de leur cynisme : le gouvernement Sanchez, comme les précédents gouvernements socialistes de l’Espagne, ont toujours promu l’avortement – et notamment l’élimination des handicapés et autres enfants à naître gravement atteints avant même leur naissance. Ils sont particulièrement malvenus à venir parler d’une « inclusion » bafouée.

Mais c’est plus fondamentalement encore l’enseignement de l’Eglise sur le mal et la souffrance dans le monde qu’ils attaquent ici. Si les maladies, la mort, le handicap étaient l’état « normal » de notre monde, on pourrait s’interroger sur la bonté du Dieu qui l’a créé ; si au contraire la révolte délibérée contre Dieu a rompu l’ordre de la création, faisant perdre à l’homme la grâce sanctifiante comme le rappelle le Catéchisme en son article 405 – et c’est le pire des « handicaps » – alors on ne voit que trop bien à qui en revient la responsabilité première. Et l’on peut saisir l’infinie bonté et l’admirable miséricorde du tout innocent, le Christ, qui prend le poids de la faute sur lui jusqu’à mourir pour la rédemption des hommes, lui le « nouvel Adam » qui répare les dommages du péché originel en se faisant « obéissant jusqu’à la mort ». Toute souffrance d’un innocent ne se comprend qu’à travers ce mystère d’amour infini.

Insupportable aux yeux du Malin !

 

Jeanne Smits