Capsule Sarco : le promoteur actif de l’euthanasie, Florian Willet, se donne la mort à 47 ans

 

« Sarco fait sa première victime en Suisse », titrait RiTV en septembre dernier. Le sarcophage de la mort a fait, le 5 mai, en Allemagne, sa deuxième victime… quoique de manière indirecte et inattendue. Florian Willet était la seule personne à être restée à côté de la capsule à azote, ce fameux 23 septembre. L’économiste et juriste allemand, grand défenseur et promoteur de ce dispositif mortel s’est lui-même suicidé, sept mois plus tard.

Malédiction façon Toutankhamon ? On parle pour lui de « traumatisme »… mais pas celui d’avoir donné les moyens à quelqu’un de se tuer : celui d’avoir été psychologiquement perturbé par son arrestation et son incarcération.

Et si on avait maintenant un procès de l’Etat suisse pour avoir poussé au suicide le militant Willet qui deviendrait alors le martyr de l’euthanasie, un martyr à l’envers pour sacrer l’homo Deus, celui qui décide de la vie – surtout de celle des autres ? Tout est possible dans une société où le soin comprend désormais la mise à mort, où la seule morale qui prévaut a éludé toute soumission à la loi naturelle.

Cette triste histoire montre en tous les cas que la culture de mort est contagieuse.

 

Sarco, la cabine violette sur roues qui offre le dernier voyage

Dans une conférence de presse à Zurich, le 17 juillet dernier, Florian Willet s’était extasié d’avoir mis en œuvre, à travers l’organisation qu’il présidait, The Last Resort (« Le Dernier Voyage » !) et son produit phare, la capsule Sarco, « la plus belle manière de mourir ». Un siège confortable où l’on s’installe, une voix qui vous avertit, un bouton sur lequel on appuie, et plus de retour possible en arrière. Tel est le fonctionnement de Sarco qui fournit ainsi le premier service de suicide assisté gratuit, puisqu’il y a juste à régler le prix de l’azote, soit 19 euros…

Personne n’est revenu nous certifier que s’étouffer avec de l’azote était le plus agréable moyen de quitter cette terre. Une chose est sûre : Florian Willet a dû faire autrement, cette « technique » n’étant officiellement autorisée dans aucun pays. La seule information que l’on déniche est qu’il a eu recours, en Allemagne, à une organisation spécialisée dont le nom demeure secret – on ignore les circonstances de son décès.

C’est que les choses ne se sont pas passées comme prévu.

A Zurich, aux côtés de Philip Nitschke, l’inventeur de cette capsule suicidaire, il avait dit avoir choisi la Suisse en raison de « son système libéral merveilleux » : c’était « le meilleur endroit » possible. Et bien que les autorités les aient prévenus que la capsule n’était pas conforme au droit suisse et qu’ils s’exposeraient à des sanctions pénales, ils avaient maintenu leur projet et accordé à cette Américaine qui souffrait d’une déficience immunitaire l’effroyable « chance » d’inaugurer leur engin de mort.

 

Euthanasie et suicide assisté

Il ne pensait sans doute pas que tous les protagonistes de la scène se feraient arrêter illico presto par la police suisse (sauf Nitschke qui suivait ça tranquillement en visio depuis l’Allemagne au moyen de capteurs d’activité cardiaque et d’oxygénation…). Ni qu’il se ferait dans un premier temps accuser d’homicide volontaire, la femme de la capsule présentant au cou des marques qui pouvaient faire croire à une strangulation (ou comment terminer un suicide raté). Et même s’il avait compté dessus pour faire les gros titres des médias et faire valider son joujou, il n’a pas résisté à l’affaire.

En décembre, après 70 jours de détention provisoire, et la transformation par le parquet de l’homicide volontaire en « incitation et assistance au suicide », Florian Willet fut libéré. Mais « son sourire chaleureux et son assurance avaient disparu. A leur place se trouvait un homme qui semblait profondément traumatisé par l’expérience de l’incarcération et l’accusation injustifiée de strangulation », a déclaré Philip Nitschke, également directeur d’Exit International, l’association pro-euthanasie.

Le fait est qu’entre sa sortie de prison et le jour de sa mort, il fut admis à deux reprises en hôpital psychiatrique, alors qu’il n’avait jamais eu aucun antécédent en la matière. Les médecins ont parlé de « trouble psychotique polymorphe aigu ». L’homme de 47 ans serait même « tombé » du troisième étage de son immeuble à Zurich, au prix de « graves blessures »…

 

Florian Willet, énième victime de la culture de mort

On l’a dit « homme brisé ». Mais la commisération a un drôle de camp. Cet homme a-t-il jamais réfléchi au poids de son geste, lorsqu’il a refermé la capsule ? Il a peut-être brisé irrémédiablement une personne, en l’envoyant dans les bras d’un Lucifer qui n’attend que ça. Florian Willet n’a sans doute pas tué de ses mains, mais il a dit oui à la mort.

The Telegraph raconte que lors d’une interview avant son arrestation, il avait avoué qu’à 5 ans, il avait envisagé sa propre mort « par suicide » et que lorsque son propre père s’est lui-même suicidé, alors qu’il n’avait que 14 ans, il s’était trouvé « parfaitement d’accord. » Comment dès lors s’étonner ?

« J’étais extrêmement triste, car j’aimais mon père. Mais j’ai immédiatement compris que mon père voulait agir ainsi parce qu’il était une personne rationnelle, ce qui signifie que s’attendre à ce qu’il reste en vie simplement parce que j’ai besoin d’un père reviendrait à prolonger ses souffrances », devait-il raconter plus tard.

Autrement dit, c’est l’égoïsme qui étouffe les pro-vie. Et la généreuse mansuétude qui déborde du cœur des pro-euthanasie. Dans une nécrologie, Nitschke a dit de Willet : « Il voulait aider une femme en phase terminale à trouver une mort paisible. Il ne pensait qu’à elle. Son propre bien-être venait en deuxième position, et loin derrière. »

Ils en sont vraiment arrivés à rendre parfaitement étrangers le meurtre du suicide assisté et même de l’euthanasie, à ne plus voir la réalité. Pourtant l’un et l’autre sont bien un crime dont les assistants, directs ou indirects sont les coopérateurs formels. Dieu seul est maître de la vie et de nos vies.

Il est certain que ce n’est pas pour une question de morale que Willet s’est retrouvé en prison. La Suisse, bien permissive et libertaire sur ces sujets, a juste jugé que ce procédé n’est pas (encore) conforme au droit suisse pour des raisons de sécurité (notamment l’absence de validation par un médecin) et d’incompatibilité avec la loi sur les produits chimiques – il y a fort à parier que tout cela va évoluer. Et puis persistait ce doute qu’il avait terminé lui-même le suicide.

Mais cette incarcération a eu le mérite de remettre les choses à leur place. Et c’est peut-être ce que Florian Willet n’a pas supporté.

 

Clémentine Jallais