Alors que les regards convergent vers l’Iran et Israël et que la presse évoque, pêle-mêle, le « suprémacisme judaïque » et le risque de 3e guerre mondiale, on se préoccupe moins d’une modification fondamentale apportée par la Chambre des communes britannique au régime légal de l’avortement. A ce jour, la mise à mort d’un enfant à naître dans le ventre de sa mère constituait un crime, mise à mort « légale » si elle est pratiquée par un « fournisseur autorisé » jusqu’à 24 semaines de grossesse (au-delà de la viabilité) selon des conditions assez larges moyennant l’accord de deux médecins, puis possible jusqu’au terme dans des cas très limités : risque pour la vie ou la santé physique ou mentale ou grave malformation du fœtus.
Ce cadre légal était déjà l’un des plus permissifs au monde même si l’acte n’était pas en soi dépénalisé.
Voici que 379 membres du Parlement contre 137 ont adopté une mesure visant à dépénaliser pleinement l’auto-avortement : désormais, les femmes ayant pratiqué un avortement sur elles-mêmes ne risqueront aucune poursuite, même si l’acte est commis en toute fin de grossesse, et pour n’importe quelle raison.
L’auto-avortement jusqu’au terme : le vrai extrémisme
Il s’agissait pour les militants pro-mort de mettre fin à la loi de l’époque victorienne toujours en vigueur au Royaume-Uni qui rendait passibles de poursuites les femmes soupçonnées d’avoir mis fin à leur propre grossesse après le délai légal de 24 semaines, et qui faisaient l’objet d’un nombre croissant d’enquêtes policières ces derniers temps. Ainsi une femme a été arrêtée à sa sortie de l’hôpital après avoir mis au monde un enfant mort-né à 26 semaines de grossesse à la suite de la prise de comprimés abortifs.
La pénalisation demeure pour ceux qui concourent à la réalisation de l’avortement illégal hors-délais, mais le signal est clair : désormais, une femme qui décide de tuer son propre enfant, fût-ce simplement parce que son sexe ne lui convient pas, ne risque rien.
A l’appui du texte, on a invoqué le fait qu’il s’agit d’une toute petite minorité (1 % des avortements en Grande-Bretagne) de femmes « vulnérables » qui ont déjà bien assez souffert et qui ont plutôt besoin de « soins et de soutien », comme l’a proclamé l’élue travailliste Tonia Antoniazzi lors du débat.
Les membres du Parlement ont tout avalé, hormis le fait de faire de l’avortement un « droit humain ».
Mgr Strickland condamne l’avortement autorisé jusqu’au terme au Royaume-Uni
Mgr Strickland, ancien évêque de Tyler, Texas, a condamné le vote en déclarant :
Il ne s’agit pas d’une mesure législative, mais d’un massacre légalisé. C’est l’autorisation froide et calculée d’arracher des enfants innocents du ventre de leur mère à l’aube de leur vie. Quel genre de nation, quel genre de personnes peuvent considérer un enfant à terme comme un objet dont on peut disposer ? Quel genre de parlement déclare la chasse ouverte aux plus vulnérables et appelle cela « choix » ?
Soyons clairs : il s’agit d’un meurtre. Les euphémismes ne peuvent pas absoudre ce mal. Le vote de Westminster est une grave offense à Dieu Tout-Puissant, une descente morale vers la dépravation et le signe d’une société qui a perdu son âme.
Saint Jean-Paul II nous a mis en garde :
« L’acceptation de l’avortement dans les mentalités, dans les mœurs et dans la loi elle-même est un signe éloquent d’une crise très dangereuse du sens moral, qui devient toujours plus incapable de distinguer entre le bien et le mal » (Evangelium Vitae, n° 58).
Et le prophète Isaïe s’écrie à nouveau de nos jours :
« Malheureux, ces gens qui déclarent bien ce qui est mal, et mal ce qui est bien, qui font des ténèbres la lumière et de la lumière les ténèbres… ils acquittent le coupable contre un cadeau, ils privent les innocents de leur justice ! » (Isaïe 5, 20, 23).
Aux fidèles du Royaume-Uni : vous devez résister à cela avec toute la force spirituelle et morale dont vous disposez. Se taire maintenant, c’est être complice. Aux prêtres et aux évêques : vous devez prêcher, vous devez agir, vous devez protéger les petits ! Pas d’excuse, pas de temporisation.
La grandeur d’une nation ne se mesure pas à sa richesse, mais à sa miséricorde. Et une nation qui massacre ses enfants à naître sur l’autel de la commodité a choisi la mort.
Que Dieu ait pitié du Royaume-Uni. Que le sang de ces innocents crie vers le Ciel, et que les fidèles ne cessent jamais de les défendre, jusqu’à ce que ces ténèbres soient dissipées.
Une telle violence institutionnalisée au cœur du lien le plus fort qui soit sur le plan physique avec celui du mariage, le lien entre une mère et l’enfant qu’elle porte, rend moins fort tout propos sur les maux de la guerre.