La chienne, la princesse et Peta : le scandale des animaux de compagnie

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Peta est une ONG au-dessus de tout soupçon, américaine, caritative, dont l’objet, comme son nom l’indique, People for the Ethical Treatment of animals, est de veiller au bien-être des animaux dans le respect des normes morales, ce qui est particulièrement bien vu dans le monde anglo-saxon, qui affectionne les « pets », les animaux de compagnie. Or, la princesse de Galles, alias Kate ex-Middleton, possède une chienne, Orla, qui a mis bas une belle portée fin mai, causant, à retardement, un scandale international. En effet, Elsa Allen, vice-présidente de Peta, vient d’apostropher les héritiers du trône britannique en ces termes : « Le prince et la princesse de Galles doivent savoir que les refuges ici et dans le monde entier regorgent de chiots désespérés qui recherchent une seconde chance dans un foyer aimant. » Et que par conséquent « produire une portée au milieu de cette crise des animaux sans abri est terriblement déconnecté de la réalité ». Voilà une façon intéressante mais très partielle de considérer la question des animaux de compagnie aujourd’hui.

 

Peta se fait de la pub avec la princesse et les Royals

Madame Allen ne craint pas de se faire de la publicité sur le dos de la famille Windsor, elle a déjà fait cadeau d’un sac à main en cuir végétal à Meghan Markle et a loué le roi Charles d’avoir, lui, adopté un chien à la SPA pour ne pas aggraver le « problème » de la procréation. Le scandale ne s’est pas arrêté là. Le député Andrew Rosindell a rétorqué : « L’attaque de Peta contre le prince et la princesse de Galles pour avoir élevé de manière responsable leurs cockers bien-aimés est non seulement injuste, mais montre un manque total de compréhension du bien-être animal. » Pour lui cet « élevage responsable » entre, en complément de l’adoption, dans le bien-être animal, et il a écrit à la Commission des œuvres caritatives pour demander la révocation du statut d’organisme de bienfaisance de Peta « étant donné ses positions extrêmes » et ses « campagnes politiques incessantes ». Ce qui frappe, c’est que les deux parties se posent en défenseurs de l’animal, sûres l’une comme l’autre de sa propre supériorité sentimentale et morale, et sans s’aviser de l’empilement de scandales que met en jeu la défense des animaux de compagnie qui leur est si chère.

 

Un chien de sa chienne, combien de chats, poissons, colibris ?

Les Windsor comme Peta en effet sont de fervents partisans et de la cause animal et de la défense du climat contre les prétendus excès de l’activité humaine. Et comme tels adeptes d’une réduction du cheptel de bétail. Le dogme réchauffiste assure que vaches, porcs et moutons détériorent le climat, les végans s’indignent qu’on mette au monde et qu’on élève des animaux pour les tuer et les manger. Elever du bétail est un double péché, contre la santé de Gaïa la terre mère et contre le bien-être animal. Mais quid des animaux de compagnie ? Alors que partout en Europe, la réduction du cheptel est entrée dans les actes, alors que les usines de viande artificielle sont subventionnées par l’Union européenne, la production des animaux de compagnie explose. En France, par exemple, il n’y a plus « trente millions d’amis » comme en 1976, mais 75 millions d’animaux de compagnie : 61 % des Français en possèdent un, 30 % ont un chien et 39 % un chat. Les chiffres sont encore plus élevés en Grande-Bretagne. Dans le monde, sans compter les errants, c’est par centaines de millions qu’il faut compter chiens, chats, poissons, oiseaux, rongeurs et autres animaux de compagnie.

 

Le scandale du marché des animaux de compagnie

Cela entraîne un immense marché industriel, qui comprend le toilettage, l’assurance, la santé, le transport, et d’abord l’alimentation. Pour les chiens par exemple, en France, 85 % de l’alimentation est industrielle, et 95 % pour les chats. Non seulement les humains élèvent des vaches pour se nourrir, mais aussi pour nourrir leurs animaux de compagnie. Avec l’empreinte carbone et la souffrance animale que cela suppose. Un rapport britannique de 2023 évalue le marché des animaux de compagnie au Royaume-Uni à plus de 7 milliards de dollars en 2023 et le projette en 2033 à près de 12 milliards, avec une croissance du marché alimentaire et du secteur chiens. Cette croissance du marché de l’animal de compagnie alors que la mode est à la décroissance devrait inquiéter les animalistes et autres maximalistes de l’écologisme.

 

Princesse ou chienne à scandale : un simple reflet de nos préjugés

Autre chose devrait inquiéter Peta et les adeptes d’une éthique stricte en matière d’animaux : sans doute n’élève-t-on pas les animaux de compagnie pour les manger, mais on les élève pour soi, pas pour eux, on ne respecte nullement leur liberté. On les pique en fin de vie, et surtout on les castre : en France, 50 % des chiens et 80 % des chats. Et on ne les considère pas, socialement, comme des sujets, mais comme des objets. La preuve en est donnée par le ratio de tel ou tel animal de compagnie par rapport à la population humaine. Il y a des pays, tel des Etats-Unis, où il y a beaucoup de chiens et de chats, avec des chiffres assez voisins, et puis il y a des pays à chiens (Inde, Brésil, Philippines, Argentine) et des pays à chats (Chine, Russie, Allemagne, Japon). Cela se dépend de l’idée que les humains locaux se font des divers animaux de compagnie. Ainsi les Argentins ont-ils 340 chiens pour mille habitants, alors que les Arabes saoudiens n’en ont que deux (2). 150 fois moins. Parce qu’ils jugent l’animal impur, alors que d’autres le jugent fidèle et affectueux. Le marché de l’animal de compagnie n’est qu’un reflet de nos préjugés. Pire, nous imposons à de pauvres bêtes de vivre exclusivement pour nous plaire. Peta a été bien petit bras de s’en prendre à la princesse de Galles et à la gestation de sa chienne. Il faudrait interdire à terme tous les animaux de compagnie. Voilà une nouvelle frontière pour le troisième mandat d’Ursula Von der Leyen.

 

Pauline Mille