Dans la masse baroque des notes de frais remises par Anne Hidalgo à la mairie de Paris ces quatre dernières années, qu’une association anti-corruption vient de publier et d’afficher sur les murs de la capitale, dans ces montants princiers, 84.000 euros pour l’habillement, 125.000 pour les déplacements et frais de bouche, un détail tirait l’œil : 859 euros « d’épilation intégrale » au Japon durant les JO de 2020. C’est une somme, qui correspond à un vrai travail, qu’on ne met pas en chantier sans une bonne raison. Dans « le guide complet pour s’épiler », on lit, à propos de l’épilation du maillot brésilien : « L’épilation du maillot est l’une des étapes primordiales qui précèdent les soirées romantiques et les séances de bronzette à la plage. » Au Japon, le poil est particulièrement mal vu, comme d’ailleurs la transpiration. Amélie Nothomb a écrit là-dessus des pages drôles. Des bras non épilés chez une femme indiquent qu’elle est très négligée. Selon le site Japan Glossy, cette phobie du poil serait d’origine politique, et pour tout dire raciste. L’épilation serait tournée « contre les Aïnous, les indigènes du Japon ». Une loi de 1899 les a obligés à adopter la culture japonaise et interdisait l’utilisation de leur langue maternelle et l’enseignement de leurs croyances spirituelles. Or ces Aïnous étaient barbus comme Marx et chevelus comme la Gaule. C’est pourquoi les Japonaises comme il faut s’épilent les parties visibles de leur corps, jambes, visage, bras, aisselles, mains, doigts. L’épilation intégrale, rare là-bas, se fait à la lumière pulsée, qui brûle les racines et ne convient qu’aux blanches et aux jaunes, explique le site ESW Beauty : « Si vous avez la peau noire, vous devrez malheureusement vous tourner vers une autre méthode d’épilation. » Un observateur trop rapide pourrait y voir une autre forme de racisme. Facteur aggravant, nous explique Japan Glossy, « les maillots épilés renvoient à une fille de joie ou une fille très ouverte sexuellement… Pourquoi ? Parce qu’à l’époque Edo (1600-1868) seules les prostituées s’épilaient le pubis (et cela) n’a pas beaucoup changé presque deux siècles plus tard ».
On comprend qu’Anne Hidalgo ait tenu à défendre sa réputation. Elle a expliqué une partie de ses débours et démenti une partie des informations. Les robes Dior et les manteaux à 3.000 euros ? Cela « s’inscrit dans la logique de valorisation du savoir-faire français ». Dame ! L’achat de tailles différentes pour certains modèles ? « La taille des vêtements achetés peut varier selon les marques, la coupe et l’effet esthétique recherché ». Pardi, quel souci du détail ! Enfin, « la maire a eu recours, non à un service d’épilation intégrale contrairement à ce que colportent des fakes news, mais à un service de pressing au sein de son hôtel et à des services de coiffure ». Voilà donc qui est clair. Anne Hidalgo ne s’est pas épilée intégralement aux frais des Parisiens, par un procédé objectivement raciste, pour aller courir le guilledou ; elle confirme, par son absence de dénégations, ses énormes frais d’habillement ; et elle explique avoir dépensé 859 euros pour son pressing et sa coiffure à l’hôtel, en raison « du strict confinement » dû au COVID. 859 euros le coup de peigne ? Cela coûte bonbon, un maire coquet ! On la croyait porteuse de féminisme et d’inclusion, elle a donné dans la plus frivole des caricatures de genre, la fanfreluche et les chiffons. Sous Louise Michel perçait la Pompadour. Avec notre argent.











