Le Spectacle du Monde ferme, Associated Press lance ses robots journalistes
RITV Video et Texte


 

Associated Press, l’une des principales agences mondiales fait rédiger les résultats financiers de certains clients par des robots journalistes. Au même moment, Le Spectacle du Monde, le dernier des grands mensuels, ferme ses portes. Au moment où l’intelligence artificielle investit la presse, la réflexion critique la quitte.
 
Vous vous appelez Honeywell ou General Electric et vous avez besoin d’une présentation rapide de chiffres clefs : Associated Press, la première agence de presse américaine, vous les fournit en un temps record, grâce à un algorithme qui extrait automatiquement ce qu’il faut sur une banque de donnée, et vous met ça en forme sans faute. Objectif, produire dix fois plus de papiers pour beaucoup moins cher.
 

Déjà testés, les robots journalistes investissent Associated Press

Le système a déjà été testé, mais c’est la première fois qu’il est utilisé par une grande agence comme Associated Press. Pour l’instant, des journalistes humains relisent encore la copie des robots, mais bientôt les robots journalistes travailleront seuls sans contrôle.
 
Pour l’instant, il ne s’agit que de synthèses économiques, mais demain… Des robots journalistes feront des reportages de guerre sans exagérer sur la note de frais, d’autres pondront à la douzaine des chroniques hilarantes. Et tout ça sans enquiquiner les patrons avec des revendications abracadabrantes ni ennuyer les chauffeurs de scooters par leurs filatures indiscrètes. Eux au moins suivront les consignes, et il n’y aura pas besoin de les censurer, cela se fera à la source, dans le logiciel.
 
Les grands maîtres d’échecs se font déjà rétamer par des ordinateurs, peu à peu, l’intelligence artificielle pousse vers la sortie les derniers intellectuels qui subsistaient sur le marché du travail, c’est-à-dire les journalistes.
 

Le Spectacle du Monde, dernier des Mohicans

En même temps, Le Spectacle du Monde, le grand mensuel de la droite française, publie son dernier numéro. Son fondateur, Raymond Bourgine, suivi par l’ancien directeur de la rédaction, Michel de Jaeghere, en avait fait une espèce de concentré de l’information, très bien présentée, avec des commentaires solides. Un modèle du genre, malheureusement gâté par Gonzague Saint Bris, mais repris en main avec compétence par Eric Branca et Christian Brosio, qui allient esprit critique et rigueur professionnelle.
 
Hélas il n’y avait plus de demande massive pour un mensuel qui prend le temps de la réflexion, et les abonnés du Spectacle du Monde, si fidèles fussent-ils, n’assuraient plus sa survie. Ses chroniqueurs, Patrick de Plunkett, Eric Zemmour devront s’exiler ailleurs. Mais où ? No country for old man, diraient les frères Cohen.
 
Reste à souhaiter bonne chance à mes jeunes collègues robots journalistes, qui voteront sûrement Hollande à la prochaine présidentielle comme leurs confrères issues des écoles de journalisme. J’espère surtout qu’ils auront du talent et du courage. Mais est-ce exactement ça qu’on leur demande ?
 
Spectacle du Monde Associated Press robots journalistes