Ménie Grégoire, rugby féminin : le nouveau féminisme


 
Ménie Grégoire est morte. Son courrier du cœur a révolutionné la vie sexuelle des Françaises plus que les Bas Bleus du MLF. Aujourd’hui c’est le sport qui illustre nouveau féminisme populaire, en particulier le rugby féminin : les Bleues ont fini troisièmes de la coupe du monde.
Elle était née à Cholet en pays catholique, elle s’appelait Laurentin comme son frère l’abbé spécialiste des apparitions mariales, et Marie – prénom qu’elle avait renié en même temps que son héritage chrétien. Puis elle avait épousé un bon bourgeois du Conseil d’Etat et s’était fait un nom dans la presse féminine puis la radio. Ménie Grégoire fut une vraie révolutionnaire, sa psychanalyse à deux sous en avait fait l’intello des mémés, elle avait remplacé leur confesseur et contribué à l’abaissement d’une Eglise qu’elle détestait.
 

Le rugby féminin, successeur de Ménie Grégoire

 
Aujourd’hui que le féminisme est intellectuellement mort et que plus personne ne croit à la psychanalyse, le flambeau du nouveau féminisme populaire a été repris par la magnification du sexe dans le sport.
En accédant au podium de la coupe du monde, les Bleues ont illustré dimanche le rugby féminin. C’est le résultat d’un travail de longue haleine.
Ce mouvement de promotion du rugby féminin, en fait de propagande pour l’égalisation des comportements des hommes et des femmes, donc ce nouveau féminisme niveleur, a commencé voilà plus de dix ans avec la publication de livres pour « réconcilier » les femmes avec les sports d’hommes. L’objectif étant, sous le mot de mixité, d’atteindre en réalité la parité dans le public et parmi les pratiquantes.
Le même mouvement s’est développé dans d’autres sports traditionnellement réservés aux mâles. Par exemple, les handballeuses, qui ont gagné en 2003 le championnat du monde. Ou les basketteuses, championne d’Europe en 2001 et 2009 et vice-championnes en 2013.
Chaque fois les médias ont monté l’événement en épingle, comme ils ont salué hier la médaille d’argent des relayeuses françaises en athlétisme. Mais le rugby féminin est pour l’instant l’achèvement de cette stratégie, car il est réputé masculin et violent.
 

Le story telling du nouveau féminisme

 
Une fois brisée l’image de la grosse hommasse, reste à susciter l’engouement populaire. Les handballeuses françaises, après leurs bons résultats de la décennie, ont été baptisées par la presse les « femmes défis  », et les basketteuses surnommées « les braqueuses ». Cela contribuait à faire passer des images, des personnages, des histoires.
Aujourd’hui tout ce story telling à l’américaine n’est plus nécessaire. Le sport d’équipe féminin est entré dans les mœurs comme l’athlétisme ou le tennis. Basketteuses, handballeuses, rugbywoman sont toutes appelées des Bleues, comme leurs confrères vainqueurs du Mundial de 1998. Pourtant le foot reste le dernier bastion du « machisme » sportif : quand les footeuses susciteront le même patriotisme bleu que leurs frères masculins, le nouveau féminisme populaire aura vraiment gagné.