Le cardinal Burke limogé ? Mais en vue de quoi ?

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L’annonce a fait l’effet d’une bombe parmi les communautés attachées à la liturgie traditionnelle et tout simplement à la doctrine traditionnelle de l’Eglise en ce qui concerne le mariage : le cardinal Raymond Burke serait sur le point d’être limogé comme préfet du Tribunal suprême de la signature apostolique, pour devenir Cardinal patron de l’ordre de Malte. Un poste purement honorifique qui ressemblerait à une punition pour ce prince de l’Eglise courageux, et surtout très « ratzinguérien ».
Le site américain Lifesite cite des sources vaticanes confirmant l’information lancée mercredi matin sur son blog par le vaticaniste Sandro Magister, et accueillie avec stupeur et colère dans les milieux les plus traditionnels. Si elle est exacte, elle s’inscrit dans le cadre d’une série de limogeages voulus par le pape François pour écarter des prélats réputés trop conservateurs.
Outre que c’est une claque pour le pape émérite, Benoît XVI, qui voit ainsi défaire l’œuvre de ses mains, la sanction frapperait précisément un homme qui n’a jamais brigué les honneurs, ni recherché les faveurs des grands de ce monde. Sanction au demeurant inédite dans les temps modernes : on a pu voir des cardinaux déplacés, mais pas ainsi réduits à des fonctions sans le moindre poids.
 

Les torts du cardinal Burke

 
Quels sont donc les torts du cardinal Burk ? Le prélat américain a été très clair sur le refus de la communion aux hommes politiques favorisant l’avortement. Il a, à plusieurs reprises, critiqué discrètement certains propos du pape François, en expliquant qu’ils étaient dénués de la portée magistérielle que les médias aimeraient y voir. Il a ainsi clarifié les propos tenus lors d’une conférence de presse dans l’avion reliant Rio de Janeiro à Rome où François disait, à propos des homosexuels, « Qui suis-je pour juger ? ». Mais toujours avec beaucoup de déférence et de respect, prenant acte du fait que le pape se veut pleinement fils de l’Eglise en matière de doctrine.
Mais voilà. Le synode sur la famille approche. Le cardinal Burke s’est plusieurs fois exprimé sur le caractère fondamental de l’enseignement de l’Eglise sur le mariage, et sur l’impossibilité pour les divorcés « remariés » d’accéder à la communion. Il s’est posé en adversaire direct du cardinal Kasper qui aimerait voir des changements pastoraux à cet égard – et qui a été chaleureusement félicité par le pape François pour avoir soulevé le sujet lors du dernier consistoire.
 

Mariages et nullités

 
Le cardinal Burke, fin canoniste, se trouve précisément à la tête du tribunal de dernier recours en matière de nullité de mariage. De là à imaginer qu’il se trouve à un poste-clef dans l’affaire, et qu’il risque d’y devenir gênant, il y a peut-être un excès d’arrière-pensées. Mais enfin, sa carrure intellectuelle, son indépendance d’esprit au service de l’Eglise, sa piété reconnue, rendent incompréhensible son limogeage, et même la rumeur de celui-ci, s’il ne devait pas se concrétiser.
La vraie question maintenant est de savoir si le cardinal Burke va pouvoir assister au synode extraordinaire sur la famille, pour y jouer le rôle qui lui revient.