On s’en doutait, on en a désormais la confirmation. Les déclarations de Michel Sapin, notre ministre des Finances, et de l’ensemble du gouvernement français sur le budget 2015 étaient pipées. La Commission européenne, que l’équipe française croyait avoir amadouée, vient, par la bouche notamment de Pierre Moscovici qui n’a pas mis longtemps à retourner sa veste, de considérer que nos perspectives économiques étaient beaucoup plus mauvaises que le gouvernement français veut bien le reconnaître.
Certes, il ne s’agit pas de prendre les paroles de Bruxelles pour – expression admirable en l’occurrence – argent comptant. Mais il convient de se rappeler que, contrairement à ce que les socialistes essaient de faire croire, avec de plus en plus de mal, à leurs électeurs, les règles du jeu ne sont dictées ni à Matignon, ni à l’Assemblée nationale. Mais quelque part, dans les bureaux aveugles et sans âme de la Commission européenne.
Le gouvernement français perd pied…
Là-bas, on a renvoyé le gouvernement français dans ses buts. Quand on prétend jouer à un jeu – et malheureusement toute cette affaire manque de sérieux – il ne faut pas rejeter les règles au moment où elles ne nous conviennent plus. François Hollande, Manuel Valls et leur équipe socialiste croyaient pouvoir parier sur un retour à la norme de 3 % de déficit budgétaire juste avant l’élection présidentielle de 2017 – comme cela aurait été commode ! Mais Bruxelles, au vu du projet de budget présenté par le gouvernement, n’y croit pas. Ce sera 4,5 % du PIB l’an prochain, et 4,7 % en 2016.
Autant oublier, d’ores et déjà, 2017…
Le problème est que les socialistes, perdants sur les normes européennes, entendent bien conserver au moins leurs billes françaises. François Hollande, depuis le Canada où il était en visite, n’a pas hésité à engager là-dessus sa « responsabilité ». Gageons que nos cousins québécois ont ri sous cape !
La Commission européenne décide le budget 2015, et les autres
Parce que le « sérieux budgétaire » du gouvernement Valls, faut y croire. On peut, comme dans les services de Michel Sapin, moquer « un calcul purement théorique, et donc par nature provisoire et qui ne signifie rien », sous prétexte que la Commission européenne a oublié de lire le nouveau projet français.
On peut même, comme le secrétaire d’Etat au Budget, Christian Eckert, appeler Bruxelles à plus de « prudence » et d’« humilité ».
Il n’empêche que, d’une part, les règles sont fixées là-bas et non chez nous.
Et que, d’autre part, l’électorat français, et même les militants socialistes dans leur grande majorité, sont portés à croire les mauvaises nouvelles, tant le gouvernement français s’est montré incapable de leur faire croire au rêve socialiste devenu cauchemar en Hollandie.
Pauvre budget de la France ; et des Français
Quoi qu’il en soit, le président François Hollande, parvenu à mi-mandat, va avoir beaucoup de mal à rendormir nos compatriotes. Plus mauvais élève de la zone euro, cela sonne peut-être, à l’Elysée et à Matignon, comme une mauvaise blague ; mais pour nos compatriotes, il s’agit de leurs difficultés quotidiennes. Et pas seulement au niveau du porte-monnaie…