A la veille du second tour des élections départementales, l’INSEE a en quelque sorte donné un coup de pouce au gouvernement et à sa majorité en annonçant, ce jeudi matin, que le déficit public s’établissait pour 2014 à 4% du PIB au lieu des 4,4%, taux attendu jusqu’alors. Ce résultat « meilleur » que prévu permet d’escompter un scenario similaire pour 2015, dont l’objectif est ramené à 3,8% au lieu de 4,1%.
« Il y aura une baisse du déficit pour 2014 par rapport à ce qui était prévu. On avait prévu 4,4%, ça sera sans doute autour de 4% », se félicitait ainsi, dès mercredi soir Manuel Valls, sur le plateau télévisé de France 3.
Cette légère amélioration, du moins du fait de la considération prévisionnelle, est dû, d’un côté, à un déficit inférieur de 3 milliards d’euros par rapport à ce qui était inscrit dans le collectif budgétaire adopté en décembre par les députés ; de l’autre, à un déficit 2014 du régime général de la Sécurité sociale inférieur de 2 milliards, là encore, aux prévisions.
Certaines mauvaises langues ne vont pas manquer d’imaginer que les prévisions sont excessivement gonflées pour pouvoir se réjouir, en définitive, du résultat final. Les gens sont méchants… mais, de fait, ce schéma prévision-résultat à tendance à se reproduire d’année en année.
2014 : « meilleur » que prévu
En attendant, Michel Sapin, notre ministre des Finances, peut s’attendre à « des conséquences considérables sur l’année 2015 », comme il l’imaginait lors d’une récente audition par la commission des Finances du Sénat.
Parmi ces conséquences bénéfiques, on peut envisager une simplification des rapports avec la Commission européenne, qui n’a eu de cesse, ces derniers mois, ces dernières années, d’inciter la France à assainir ces comptes publics. La prochaine fois, sur le sujet du moins, François Hollande pourra arriver à Bruxelles avec l’un de ces larges sourires dont il a le secret…
En réalité, et à moins que l’exécutif améliore énormément sa communication dans les prochaines heures, ce chiffre donné par l’INSEE ne devrait avoir que peu d’impact sur le sentiment électoral de nos compatriotes.
Se réjouir de notre déficit public ?
D’abord, parce que, en admettant même que ce soit un vrai « mieux » et pas un « mieux » truqué, c’est un tout petit « mieux » par rapport à une situation franchement mauvaise.
Ensuite, parce que l’année précédente, en 2013, le déficit se situait déjà à 4,1% – ce qui fait que le nouveau chiffre pour 2014 ne représente, en définitive, qu’une stabilisation.
Enfin, parce que nos voisins font globalement mieux. Selon les dernières estimations de la Commission européenne, en effet, le déficit pour 2014 serait de 3% dans l’ensemble de l’Union européenne, et même de 2,6% pour la seule zone euro. A priori, précise Bruxelles, la France devrait être, avec l’Espagne et le Portugal, le seul pays à dépasser encore les 3% !
Pas franchement de quoi se réjouir…
Personne n’envisage sérieusement de ramener nos comptes à l’équilibre, et une augmentation limitée à 3% serait considérée comme un résultat remarquable. L’INSEE a également souligné que le chiffre global de notre dette publique était, en 2014, de 95% de notre PIB. A ce taux, on peut en quelque sorte dire que la France est désormais hypothéquée…