Chappie est le nom affectueux donné par une « mère » adoptive à un robot « conscient », quasi-humain dans ses capacités et son comportement. Le sujet, délicat et difficile à traiter, de la « mince » barrière entre robots intelligents et humains, souffre du manque de finesse certain du réalisateur sud-africain Neill Blomkamp. Il n’est certes pas totalement dénué de talent, et les vingt premières minutes de Chappie, efficaces, sont traitées avec une réelle beauté formelle et étonnent. Puis il sombre dans ses travers habituels, qui apparaissent nettement dans son opus précédent Elysium (2013) : le recours à des caractères monolithiques, outranciers, peu crédibles, et surtout à une morale bien-pensante de gauche aussi convenue qu’assommante dans ses démonstrations. Ici, des délinquants, voleurs, et à l’occasion tueurs, auraient en fait un fort bon fond, illustré par leur adoption du robot Chappie. Les enthousiastes de Mme Taubira apprécieront, les autres non.
Chappie : l’avenir de l’homme ?
La morale finale dérange aussi. L’avenir des êtres humains, une forme d’immortalité, serait accessible par le téléchargement des consciences et leur transfert dans un corps robotique. Soit le scientisme le plus brut, le plus insupportable, ramenant l’homme à une machine, et heureusement pour l’instant voire pour toujours totalement hors de portée.
Olivier Thibault