La nouvelle tendance en matière de contraception : promouvoir le stérilet et les contraceptifs de longue durée pour toutes

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C’est dans la revue conservatrice The Economist, héraut du libéralisme économique, que l’on trouve la dernière en date des opérations de promotion des contraceptifs de longue durée, y compris pour les mineures. Arguant du fait que les Etats-Unis connaissent un fort taux de grossesses adolescentes – bien plus élevé que dans d’autres pays développés – l’éditorial explique que l’une des causes en est la moindre prévalence des contraceptifs de longue durée. Ce serait également l’une des causes de la proportion des « grossesses non désirées » aux Etats-Unis : une sur deux, contre une sur trois en France par exemple. Mais tout cela n’est qu’habillage et contextualisation d’un objectif précis, qui correspond à la nouvelle tendance en matière de contraception : il s’agit de promouvoir à tout prix le stérilet et les autres contraceptifs de longue durée.
 
Cette tendance existe depuis quelques années déjà : on la retrouve dans la presse, dans les revues scientifiques et les campagnes publiques de « sensibilisation » à la contraception dans de nombreux pays. Mais aussi dans les programmes d’aide internationale et de promotion du contrôle de la population : on ne compte plus les opérations de diffusion des contraceptifs hormonaux de longue durée, par injection ou par voie d’implants efficaces plusieurs années, dans les pays « en voie de développement ». Elles sont souvent financées par des fondations ad hoc et soutenues par les organisations internationales.
 

Stérilet et contraceptifs de longue durée : un moyen de combattre l’avortement ?

 
On a souvent dit, à juste titre, que la légalisation de la contraception et sa diffusion n’étaient en rien une garantie contre l’avortement : au contraire, la mentalité contraceptive installe l’idée du refus de la conception à n’importe quel prix. Si conception il y a quand même lieu, l’avortement apportera la « réponse » facile. Et de fait, nombreux sont les pays où la prévalence de la contraception progresse… en même temps que le nombre des avortements.
 
En France, par exemple, quelque 70% des avortements sont pratiqués sur des femmes qui étaient sous une forme de contraception ou une autre au moment de la conception « non désirée »…
 
Mais il faut s’arrêter ici sur cette notion de contraception « d’une forme ou d’une autre ». Certaines méthodes sont plus efficaces que d’autres pour empêcher la grossesse. Entre le préservatif et la stérilisation – contraception définitive – il y a un monde en termes statistiques. Et si toutes les méthodes – on ne parle pas, bien entendu, de la régulation naturelle des naissances qui a pourtant un taux d’efficacité parmi les meilleurs lorsqu’elle est bien utilisée – sont vantées par les programmes de promotion du contrôle des naissances, la tendance actuelle est bien de mettre l’accent sur les moyens « réversibles » qui stérilisent à moyen ou long terme.
 

La nouvelle tendance : inciter toutes les femmes à utiliser un contraceptif de longue durée

 
Il va de soi qu’une femme sous contraception de longue durée a moins de chances de concevoir un enfant, et que le nombre de « grossesses non désirées » diminue effectivement dans le contexte d’une forte prévalence de contraceptifs de longue durée.
 
20% des Norvégiennes utilisent le stérilet, contre 6% des Américaines en âge d’avoir des enfants : la Norvège connaît environ 20 grossesses adolescentes pour 1.000 ; les Etats-Unis près de trois fois plus…
 
Petite précision : le stérilet, comme la plupart des dispositifs intra-utérins, « fonctionne » principalement en empêchant la nidation d’un ovule déjà fécondé. Ce tout-petit être humain qui, par son code génétique complet et par son âme, est déjà parfaitement individualisé, irremplaçable… C’est un « contragestif » qui provoque des avortements très précoces.
 
The Economist précise qu’aux Etats-Unis, le stérilet est 40 fois plus efficace que la pilule contraceptive et 90 fois plus efficace que le préservatif pour empêcher des grossesses. Pourquoi ? Par mauvaise utilisation, échecs liés à la méthode elle-même – on sait que pour le préservatif, le taux d’échec est important pour cause de défectuosité par exemple –, oubli…
 

Promouvoir la contraception de longue durée au service de la « mobilité sociale »

 
Et puisque The Economist parle d’un point de vue économique, la revue précise que les femmes pauvres en sont les premières victimes : elles ont quatre fois plus de « risques » d’avoir une grossesse non désirée que les riches et si elles ont leur bébé elles auront plus de mal que ces dernières à faire face aux conséquences. « Les bébés de mères qui n’avaient pas l’intention de tomber enceintes ont plus de chances d’être pauvres à l’âge adulte, leurs parents ont plus de risques de se séparer, et leurs mères ont plus de risques d’arrêter leur formation pour s’occuper d’eux. Si les contraceptifs de longue durée étaient davantage utilisés, ils pourraient accélérer la mobilité sociale. Alors pourquoi ne le sont-ils pas ? »
 
Pour les Etats-Unis, l’éditorial pointe deux causes : les raisons « religieuses » (avec le refus de l’avortement et de l’éducation sexuelle) ; et les risques de devoir payer des dommages importants en cas de poursuites, ce qui rend les fabricants hésitants à commercialiser ces contraceptifs de longue durée dans ce pays.
 
La solution, pour The Economist ? Plafonner les dommages en matière de produits sanitaires, comme l’a fait la Californie, et – nonobstant la liberté religieuse – imposer l’enseignement sur la contraception à l’école et promouvoir la recommandation des contraceptifs de longue durée auprès des femmes ou jeunes filles qui demandent la pilule.
 

Stérilet pour toutes – y compris les adolescentes

 
Pendant longtemps, on a évité – en France notamment – de prescrire des stérilets aux jeunes filles et aux femmes sans enfants, du fait des risques associés. Aux Etats-Unis, on n’en est plus là, en France non plus : le discours médiatique, politique et sanitaire considère les risques comme négligeables désormais au regard des bénéfices qu’on attend d’une stérilisation large et durable de la population féminine, quasiment depuis la puberté.
 
Moyen « peu cher », « sûr », moins sujet aux aléas, le contraceptif de longue durée étend son emprise. Malgré ses effets secondaires qui, comme ceux de la pilule, sont très loin d’être négligeables…
 
Les implants sont associés à l’absence totale de règles mais aussi, chez d’autres femmes, à des hémorragies quotidiennes, ou encore à des prises de poids importantes, des crises d’angoisse avec pulsions suicidaires, risques de cancer plus élevés… Le stérilet était quant à lui associé à un risque de grossesse extra-utérine plus élevé. Il serait désormais plus sûr. Mais les dispositifs intra-utérins contenant des hormones s’accompagnent aussi d’un cortège de problèmes – qui vont jusqu’à la perforation de la paroi de l’utérus.
 
D’aucuns penseront que cela va du moins empêcher un certain nombre d’avortements. Faux calcul ; calcul immoral. Outre que les contraceptifs de longue durée provoquent fréquemment des avortements très précoces, sans que la femme le sache d’ailleurs – probablement plusieurs fois par an – la mise en place d’une population féminine stérile augmenterait encore l’incitation à la débauche que constitue la disparition de tout sentiment de responsabilité. Ce que Paul VI annonçait déjà dans Humanae vitae – une dépravation des mœurs dont la femme est la première victime – pourrait prendre alors des proportions inédites. Infernales.
 
Et ainsi le crime serait signé.
 

Anne Dolhein