Après avoir dénoncé « l’agressivité » chinoise la semaine dernière, les Philippines ont mis en garde les pays d’Asie du Sud-est en les appelant à « se mobiliser enfin » face à leur puissant voisin. Pékin serait sur le point de prendre « de facto le contrôle » de la mer de Chine méridionale, a expliqué le ministre philippin des Affaires étrangères, Albert del Rosario, lors de la réunion annuelle de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), qui réunissait tous ses homologues d’Asie du Sud-Est à Kuala Lumpur.
Le Vietnam, la Malaisie, les Philippines et le sultanat de Brunei revendiquent chacun la souveraineté sur certaines parties de la stratégique mer de Chine méridionale, mais Pékin les revendique presque toutes et suscite l’inquiétude dans la région et au-delà.
Les Philippines réclamaient une réponse forte de l’ASEAN contre les agressions chinoises en Mer de Chine
« Les problèmes posés par ces vastes revendications sont réels et ne peuvent pas être ignorés ou niés », a insisté le ministre philippin, mettant en garde contre des implications géopolitiques « urgentes et considérables ».
Des photos satellites publiées par un think-tank américain avaient récemment révélé que la Chine procédait en particulier à des travaux de remblaiement massifs sur des récifs coralliens, et à l’aménagement de ports artificiels sur certaines îles.
Mais le sommet réuni en Malaisie a finalement rejeté l’idée d’une possible réponse visant à contrarier la Chine.
L’ASEAN désunie ne pourra contrer la Chine
« Nous devons éviter toute action qui pourrait être contre-productive » a ainsi déclaré le ministre malaisien des Affaires étrangères, Anifah Aman : « Je ne pense pas que l’ASEAN aimerait recevoir un ultimatum et je ne pense donc pas que la Chine aimerait en recevoir un. »
En réalité, l’ASEAN n’a jamais su apporter de réponse forte en face de la pression commerciale et diplomatique dont est capable Pékin, au sujet notamment des réclamations maritimes en mer de Chine.
Malgré les avertissements répétés des Philippines, l’ASEAN s’est une nouvelle fois résignée à se présenter désunie pour contrer les avancées chinoises dans les eaux disputées. L’issue pourrait être fatale pour tous les pays limitrophes, c’est-à-dire se solder par une annexion complète par la Chine des îles convoitées.