La Jeunesse socialiste suisse est un organe du Parti socialiste suisse, et contrairement à ce que l’on pourrait imaginer en lisant les lignes qui suivent, il est mixte. Cela n’a pas empêché son comité directeur d’adopter les idées les plus folles du féminisme le plus radical : sa dernière idée en date est de vouloir abolir le mariage institutionnalisé, « une construction éculée » selon la JSS.
 
La proposition tranche avec les revendications plus habituelles dans ce cadre : égalité des salaires, mise en place de congés parentaux… Tout cela se trouve bien évidemment dans le texte de la JSS sur le féminisme, mais ce n’est pas suffisant, s’il faut l’en croire.
 
Relayé par la presse helvétique, le manifeste féministe des jeunesses socialistes de Suisse entend faire œuvre salutaire face à ce que l’on pourrait appeler le féminisme de maman – à moins que ce ne soit celui de papa ? « Le féminisme bourgeois nous prêche que les femmes peuvent avoir et atteindre tout ce qu’elles veulent, à condition de le vouloir vraiment », dénonce la JSS.
 

Les dirigeants de la Jeunesse socialiste suisse adhèrent à l’idéologie du genre

 
Et qu’est-ce qui ne va donc pas dans ces promesses d’égalité ? Eh bien, comme les droits formels chers aux marxistes, elles n’aboutiront à aucune réalité : de tels propos passent sous silence le fait que le « sexisme » est extrêmement « rentable ». Le capitalisme, assure la JSS, « ne laissera jamais les femmes obtenir l’égalité » qui mettrait le système en péril.
 
Sans surprise, les dirigeants des jeunes socialistes suisses s’inscrivent résolument dans le cadre de l’idéologie du genre. Il faut « dépasser la distribution antique des rôles de genre » ; et donc mettre en place un congé parental sur le modèle scandinave, où chaque parent doit prendre une partie du temps passé auprès du tout-petit. Cela a le mérite de la clarté : ce type de disposition est promu dans de nombreux pays – la France en tête – sans que l’on avoue ses fondements idéologiques… Il est vrai qu’en France le PS en nie l’existence.
 

Pour la JSS, le mariage est une « construction éculée » qu’il faut ouvrir à tous avant de l’abolir

 
Mais voilà que la JSS se heurte à une contradiction. L’institution du mariage a beau être « éculée » à ses yeux, elle veut quand même y intégrer le plus possible de citoyens helvètes, quels qu’ils soient. Le féminisme qu’elle prêche devra donc être « queer », en intégrant tous les LGBT : lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres, mais aussi les queers, les intersexuels et les asexuels. Et tout ce monde devra pouvoir se marier à sa guise, y compris les célibataires qui doivent pouvoir s’associer aussi. Ça, c’est pour tout de suite. Notez qu’en demandant l’abolition du mariage dans un deuxième temps, la Jeunesse socialiste suisse ne réclame que la suite logique de cette vaste déconstruction sociale…
 
La proposition sera soumise le 20 juin prochain à Genève à l’ensemble des délégués de la JSS. Oseront-ils dire « non » ?
 

Anne Dolhein