De quoi l’Union européenne est-elle le nom ? C’est la question qui vient immanquablement à l’esprit lorsque l’on constate que le nouveau Conseil européen, qui se tient cette fin de semaine à Bruxelles, doit non seulement faire face à une multiplication des difficultés, mais admettre en outre son incapacité, constitutive et grandissante, à les résoudre. Qu’il s’agisse de la Grèce, qu’il s’agisse de la question des « migrants », ce sommet, en définitive, pose la question d’une Europe en panne !
La Grèce était évidemment au centre de toutes les attentions à l’occasion de cette réunion de l’Eurogroupe – la troisième, tout de même, depuis le début de la semaine… – mais la discussion entre Athènes et ses créanciers se sont terminées jeudi sans qu’un accord ait été trouvé, et les ministres des Finances de la zone euro doivent se retrouver de nouveau demain. Une réunion qui devrait être celle de la dernière chance, trois jours avant une échéance qui pourrait voir la Grèce faire face, après tant de tractations et de reports, au défaut de paiement.
Nouveau sommet européen : pour quoi faire ?
On modèrera cependant cette expression de « dernière chance » : d’une part, elle a été trop employée, pour signifier encore quelque chose, alors que le défaut de la Grèce mettrait davantage en danger, si c’est possible, la politique européenne que l’économie grecque.
D’autre part, l’approche d’une solution, annoncée comme à portée de la main quarante-huit heures plus tôt, laisse supposer que le compromis interviendra, comme par magie, au dernier moment. Le premier ministre grec Alexis Tsipras s’est trop avancé, il a trop renié les engagements pris lors de son élection, pour que ses derniers scrupules ne s’envolent pas face au risque dont on ne lui ménage guère, il est vrai, la menace.
Attendons donc de voir demain ce que donnera cette nouvelle réunion, « décisive » pour Angela Merkel, « cruciale » pour François Hollande, qui ont assuré ne vouloir accepter aucun « chantage » de la part d’Athènes – ce qui est tout de même inverser véritablement les rôles !
En attendant, il fallait bien discuter d’autres problèmes, et notamment de la question des migrants. Le Conseil européen a décidé vendredi d’organiser une répartition de l’accueil des réfugiés sur la base du volontariat, rejetant (définitivement ?) la logique de quotas obligatoires que la Commission européenne voulait imposer aux Etats-membres.
Que faire d’une Europe en panne ?
La dispute a manifestement été vive. Il était question de quelque 60.000 migrants actuellement arrivés sur les territoires européens, ou en passe de franchir nos frontières extérieures.
Mais, en réalité, le compromis sur la base d’une répartition volontaire ne satisfait pas grand monde. D’une part, parce qu’il y a toujours des exemptions, en l’espèce, celles de la Hongrie (qui trouvait le plan proposé absurde) et de la Bulgarie.
D’autre part, parce que le volontariat fait appel à une certaine bonne volonté, manifestement peu répandue – ce qui fait que le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a pu évoquer un plan à « l’ambition modeste ». Il faut dire qu’il ne doit que difficilement se remettre du rejet de sa proposition de quotas…
Mais c’est surtout le président du Conseil italien Matteo Renzi qui a protesté énergiquement, devant la manifeste mauvaise volonté de ses partenaires d’aider son pays à gérer l’afflux de migrants dont l’Italie se trouve être l’un des principaux récipiendaires. « Si vous pensez que l’Europe n’est qu’une affaire de budgets, ce n’est pas l’Europe que nous avions imaginée en 1957 à Rome », a-t-il lancé avec quelque aigreur.
Le débat est loin d’être clos. D’autant que, manifestement, personne n’a prévenu les miséreux de toute une partie du monde qu’il fallait cesser de s’aventurer sur les routes qui mènent en Europe…