L’inhumanité de la Cour européenne des droits de l’homme ne connaît pas de bornes pour ce qui est de Vincent Lambert dont elle n’a pas voulu réviser l’arrêt. Après sa décision d’approuver la décision du Conseil d’Etat français qui a jugé que la décision de le priver de nourriture et d’eau jusqu’à ce qu’il en meure était légale, les parents du tétraplégique l’ont saisie de nouveau pour constater plusieurs faits nouveaux « décisifs » dans le dossier. La CEDH a froidement rejeté leur demande en révision. Qu’importe si l’édifice érigé autour de l’hypothétique volonté de Vincent Lambert de ne pas vivre « dans cet état » s’est effondré. Les juges européens se sont rangés du côté de la mort.
Une Cour des droits de l’homme mérite-t-elle encore ce nom lorsqu’elle ne veut pas entendre des arguments qui peuvent sauver la vie d’un homme ? Les cinq juges dissidents qui avaient dénoncé la première décision rendue le 5 juin dernier avaient clairement répondu non, l’accusant de ne plus avoir le droit de prétendre au titre de « conscience » de l’Europe. Avec le nouveau refus d’écouter ceux qui veulent faire respecter la vie de Vincent Lambert, la CEDH s’enfonce un peu plus dans sa défense, à vrai dire guère nouvelle, de la culture de mort.
La CEDH estime que Vincent Lambert doit mourir même s’il n’est pas en fin de vie
La demande en révision a été déposée le 24 juin dernier accompagnée de deux vidéos récentes de Vincent Lambert, réputé en « état végétatif irréversible » et donc « bon » pour mourir de soif, privé de toute alimentation et surtout de toute hydratation artificielle. L’administration de sa nourriture et de son hydratation directement dans l’estomac a en effet été jugée comme constituant un « traitement » qui le maintient « artificiellement » en vie.
La première vidéo, montrant Vincent Lambert le jour où la CEDH rendait son arrêt à son sujet, a fait prendre conscience à des centaines de milliers, peut-être même à des millions d’internautes que ce jeune homme n’est pas un « légume » branché à toutes sortes de fils. Il regarde. Suit des yeux. Ecoute. Réagit. Il vit, en un mot. Ses proches le savent et le sentent.
La diffusion de cette vidéo a provoqué des cris d’orfraie de la part de personnalités attendues et moins attendues, le CSA a contraint les chaînes de télévision à ne la montrer qu’en floutant le visage de Vincent, ce qui est le comble de la déshumanisation en l’occurrence : il s’agissait bel et bien de le réduire visuellement à un état de « légume » qu’il n’est pas.
La demande en révision devant la Cour européenne des droits de l’homme rejetée
Des experts médicaux sont venus dire que c’est le propre des personnes en état végétatif de réagir par réflexe et de sembler vivre alors qu’en quelque sorte, elles sont déjà mortes. Bien arrogante science, qui prétend tout « savoir » ainsi de la conscience et de l’âme humaine dont bien des réalités relèvent du mystère…
Et quand bien même ? La prudence n’oblige-t-elle pas à se tromper en faveur de la vie ? Comment respecter la vie en soumettant sa définition à des critères médicaux que l’on sait évolutifs, et qui permettent donc à l’heure actuelle – loi Leonetti et CEDH aidant – d’organiser la mort d’une personne de manière délibérée, alors qu’elle n’est pas en fin de vie ?
La deuxième vidéo apportée par les avocats de Viviane et de Pierre Lambert, Me Jérôme Triomphe et Me Jean Paillot, était encore plus spectaculaire. Elle montrait que Vincent Lambert peut déglutir suffisamment bien pour absorber un peu de nourriture et un peu de boisson – et même avec plaisir.
Ce fait n’a pas été accepté comme constituant un « élément nouveau » – et « décisif », comme le soulignaient les parents de Vincent Lambert – de nature à obliger la CEDH à réviser sa décision.
Et pourtant… Il prouve qu’avec une rééducation convenable, Vincent Lambert pourrait peut-être absorber tout ou partie de sa nourriture et de son hydratation par la bouche. Il démontre sans conteste que le patient, même s’il devait toujours continuer de recevoir la plus grande partie de son alimentation par sonde gastrique, peut aussi manger et boire de manière ordinaire.
Vincent Lambert mange, il ne refuse pas la nourriture : cela ne leur suffit-il donc pas ?
Ce jeune homme que l’on dit désireux de ne pas s’alimenter pour cesser de « survivre artificiellement » ne refuse pas la becquée… Où est son prétendu « refus de traitement » ? Où est sa volonté de se « laisser partir » comme ils disent ?
Elle n’existe pas. Ce qui existe, c’est la volonté de quelques médecins, du Conseil d’Etat, de la Cour européenne des droits de l’homme de faciliter ce qu’il faut appeler par son nom : une euthanasie lente, imposée en outre contre des parents qui veulent protéger et sauvegarder la vie de leur fils. Les faits, dans cette logique, n’ont pas la moindre importance.
Jean-Yves Nau, ancien spécialiste de bioéthique du Monde, un homme à l’esprit libre, souligne : « Tout laisse penser que la décision du CHU ne sera prise qu’avec l’aval de sa tutelle, soit en dernier lieu le gouvernement et Marisol Touraine, ministre de la Santé. »
L’affaire est bel et bien politique. La politique de la France et de la CEDH aujourd’hui admet et affirme que l’on peut, et même, s’il le faut, que l’on doit éliminer les plus faibles. Elles ne l’emporteront pas en paradis.