Des fondations américaines « pour la démocratie » jugées indésirables au Kirghizistan et en Russie

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Les Etats-Unis sont friands de la politique du chaos partout dans le monde, mais elle peut être menée de différentes manières. Parfois, c’est la guerre comme ce fut le cas en Irak, parfois, c’est par le biais, plus pervers encore, d’organisations « humanitaires ». A telle enseigne que le Kirghizistan et la Russie ont fait savoir que nombre de fondations et d’organismes publics américains « pour la démocratie » sont « indésirables » sur leur territoire.
 
Les opérations de ces fondations et organismes se font toujours au nom des droits de l’homme et de la démocratie. C’est ainsi qu’œuvre la fondation du milliardaire George Soros en Ukraine : elle verse des fonds à des mouvements « démocratiques » et « permet » ainsi l’embrasement du pays. Mais la combine semble avoir été très bien comprise par d’autres pays de la région.
 
Le Kirghizistan vient par exemple de prendre des mesures pour supprimer certains privilèges accordés jusqu’à maintenant à l’US Agency for International Development (USAID), organisme public d’aide au développement.
 

Le Kirghizistan accuse une fondation américaine de menacer la paix en soutenant un opposant emprisonné

 
Le Premier ministre kirghize a ordonné mardi à son cabinet de renoncer aux accords bilatéraux signés avec les Etats-Unis en 1993. Dès le 20 août prochain, l’accord ne sera plus effectif. Il prévoyait un cadre légal facilitant l’aide économique humanitaire et technique américaine dans le pays : l’USAID bénéficiait de privilèges sur les impôts et les douanes, tandis que ses membres jouissaient d’un statut d’immunité comparable à celui des diplomates.
 
Les Kirghizes n’en veulent plus depuis que Washington a accordé un prix des droits de l’Homme à Azimion Askarov, journaliste et activiste ouzbek qui purge aujourd’hui une peine de prison à perpétuité, accusé d’incitation à la haine ethnique. Ce dernier avait organisé des grosses manifestations de protestation pendant lesquelles un policier avait été tué. Le Kirghizistan a donc estimé que le prix remis par les Etats-Unis menaçait la paix dans un pays divisé ethniquement, et dans lequel 400 personnes avaient été tuées lors d’affrontements entre Ouzbeks et Kirghizes en 2010.
 

Les Etats-Unis interviennent par le biais d’associations humanitaires pour soutenir la « démocratie »

 
Les Etats-Unis se sont dits « déçus » de cette décision, espérant tout de même continuer leur œuvre « humanitaire ». Le gouvernement américain s’est empressé de préciser que les Etats-Unis avaient fourni 2 milliards de dollars d’assistance au pays (principalement par le biais de l’USAID) depuis son indépendance, en 1991, pour « soutenir et renforcer la transition démocratique du Kirghizistan ». Toujours la même justification.
 
Le conflit diplomatique intervient alors que le Kirghizistan vient de rejoindre l’Union économique eurasienne organisée par Moscou, que les critiques ont souvent qualifié de tentative de reconstitution de l’ancienne Union soviétique…
 

La Russie adopte une liste de fondations étrangères indésirables

 
La Russie a d’ailleurs pris des mesures similaires, puisque la fondation américaine MacArthur, ONG de défense des droits de l’Homme, a annoncé mercredi qu’elle fermait son bureau à Moscou. Les parlementaires russes l’ont en effet placée sur une liste d’organisations indésirables dans le pays, grâce à une loi votée par la Douma en mai dernier, qui interdit la présence d’ONG internationales jugées menaçantes pour l’ordre constitutionnel, la défense et la sécurité de la Russie.
 
De son côté, le Conseil de la Fédération, chambre haute du parlement, a approuvé une liste énumérant les groupes jugés indésirables dans le pays.
 
« La récente adoption et l’entrée en vigueur de plusieurs lois rendent impossible un travail efficace des fondations internationales dans ce pays », a réagi la fondation MacArthur dans un communiqué.
 
Depuis 2012, une réglementation obligeait déjà les groupes qui reçoivent des financements de l’étranger à se faire enregistrer comme « agents étrangers ».
 
Les opposants y ont vu une tentative de museler l’opposition. Sans doute, mais c’est également une mesure prudente au regard du rôle joué par les organisations « humanitaires » américaines dans l’Ukraine voisine…
 

Béatrice Romée