La Russie vient d’actualiser sa doctrine navale pour tenir compte de l’expansion « inadmissible » de l’Otan le long de ses frontières. Parmi les principales orientations contenues dans le document, la Russie prévoit de renforcer les positions stratégiques de sa marine en mer Noire, et de maintenir une présence dans l’océan Atlantique et la mer Méditerranée.
Publiée dimanche sur le site du Kremlin, cette version actualisée de la doctrine navale russe arrive quelques mois après la publication d’une nouvelle doctrine militaire interarmes, qui était déjà la conséquence de la détérioration des relations entre Moscou et les Occidentaux.
En 2010 déjà, une précédente version du document identifiait l’Otan comme une menace majeure pour la Russie, mais la crise ukrainienne a décuplé les tensions qui atteignent aujourd’hui des sommets jamais égalés depuis la fin de la Guerre froide.
La Russie adapte sa doctrine navale en raison des tensions grandissantes avec l’Otan à ses frontières
La version navale de cette doctrine militaire, longue de 46 pages, souligne à son tour « le caractère inadmissible pour la Russie des projets de déplacement des infrastructures militaires de l’Alliance vers ses frontières ». La Russie prévoit de « développer les infrastructures » de sa flotte de la mer Noire en Crimée, la péninsule rattachée à la Russie en 2014 à l’issue d’un référendum.
Le document révèle également la volonté russe de parvenir à « la reconstitution accélérée et complète des positions stratégiques de la Russie » en mer Noire.
Le vice-Premier ministre Dmitri Rogozine a souligné « l’accent mis sur l’Atlantique et l’Arctique » dans cette nouvelle doctrine, avant de préciser aux agences de presse russes que l’« attention portée à l’Atlantique se justifie par l’expansion de l’Otan à l’Est. »
Le but, en Atlantique comme en Méditerranée, est de « garantir une présence militaire navale suffisante de la Russie dans la région », avec un déploiement permanent en Méditerranée.
Escalade entre la Russie et l’Otan : des tensions décuplées depuis le début de la crise ukrainienne
En ce qui concerne l’Arctique, région très riche en hydrocarbures, la Russie espère « réduire les menaces sur la sécurité nationale et garantir la stabilité stratégique. »
Pour l’expert militaire Alexandre Golts, « ces changements montrent que la Russie accorde une attention particulière au renforcement de son potentiel naval dans l’Arctique et l’Atlantique dans le but contrer l’Otan ». Mais « sans renforcement décisif des capacités de sa flotte, tout cela n’a pas de sens », a-t-il nuancé.
En février dernier, l’Otan a décidé de consolider ses défenses en créant une nouvelle force de 5.000 hommes rapidement mobilisables, pour contrer ce que l’Alliance appelle l’agression russe en Ukraine. La Russie répond par un renforcement de ses capacités militaires dans la région.
Le représentant russe auprès de l’Otan met en garde contre les conséquences « catastrophiques » du « jeu » occidental
De son côté, le représentant permanent de la Russie auprès de l’Otan, Alexander Grushko, a affirmé que l’expansion de l’Otan en Ukraine et en Géorgie aurait des « conséquences catastrophiques » pour toute l’Europe. « J’espère qu’à Bruxelles et dans les autres capitales les gens comprennent vraiment le danger de ce jeu, le danger des cartes que certaines forces tentent de continuer à jouer. Cela aurait des conséquences catastrophiques », a réagi le représentant russe. Ce dernier a affirmé que l’expansion de l’Otan aurait également des conséquences dramatiques pour l’Ukraine, pays dans lequel des rebelles pro-russes affrontent l’armée ukrainienne.
Alexander Grushko a ensuite accusé l’Otan de dresser un « rideau de fer » en Europe, en déployant des troupes et en organisant des exercices militaires à quelques kilomètres des frontières russes.