Au Soudan du Sud, la guerre civile ne cède pas devant l’accord de paix

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Les belligérants de la guerre civile qui oppose, depuis décembre 2013, le président Salva Kiir à son ancien vice-président Riek Machar, ne seront pas parvenus à se mettre, lundi, d’accord sur la paix. Réunis à Addis Abeba, et malgré un ultimatum de la communauté internationale, le gouvernement a en effet refusé de signer le document négocié, au bas duquel le chef des rebelles et Pagan Amum, le secrétaire général du SPLM, le parti au pouvoir, mais en délicatesse avec le président du pays, ont, eux, accepté d’apposer leur signature.
 
« Cette cérémonie de signature n’est pas complète sans la signature du gouvernement », a regretté le chef de la médiation, l’Ethiopien Seyoum Mesfin, en présence de la présidente de la Commission de l’Union africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, du premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, et du président kényan Uhuru Kenyatta. Il a néanmoins fait part de son assurance de voir le président Kiir revenir sur ses réserves, et se retrouver d’ici quinze jours à Addis Abeba pour « parachever l’accord de paix », dont il est partie prenante.
 

Toujours la guerre civile au Soudan du Sud

 
Malgré cette relative déception, Seyoum Mesfin a donc salué « un grand jour dans la progression du processus de paix au Soudan du Sud », processus conduit depuis janvier 2014 par l’organisation sous-régionale Igad – qui regroupe Djibouti, l’Ethiopie, le Kenya, l’Ouganda, la Somalie, le Soudan et le Soudan du Sud.
 
Quant au chef des rebelles Riek Machar, il s’est dit « très content » d’avoir signé ce document. « Nous ne disons pas que c’est parfait », a-t-il précisé. « Dans un accord négocié de compromis, vous n’obtenez pas tout ce que vous voulez », mais « c’était une opportunité pour nous de mettre fin à la guerre », a-t-il expliqué.
 
Et d’appeler le président du pays à signer au plus vite cet accord de paix. « J’espère que le président Kiir va signer, je ne savais pas qu’il ne signerait pas. (…) Il n’y aucune raison pour qu’il demande plus de temps. »
 
Désormais, en effet, le président Kiir est susceptible de subir les sanctions « ciblées », parmi lesquelles un embargo sur les armes, des interdictions de voyager et des gels d’avoir à l’étranger, dont la communauté internationale menaçait celles des parties qui n’auraient pas signé le document au 17 août.
 
Les Etats-Unis se sont montrés plus menaçants encore. « Nous appelons le gouvernement à signer l’accord sous une période de quinze jours qu’il a réclamée pour consultations. Comme le président [Obama] l’avait déclaré, s’il n’y avait pas d’accord aujourd’hui, nous envisagerions les moyens d’augmenter le prix à payer pour cette intransigeance », a ainsi déclaré le porte-parole du département d’Etat, John Kirby.
 

Quel accord pour quelle paix ?

 
La réticence manifestée par le président Kiir vient de ce que certains chefs de guerre rebelles ont manifesté leur volonté de ne pas suivre Riek Machar si celui venait à signer, comme il vient de le faire, un accord de paix. De ce fait, le gouvernement du Soudan du Sud craint de se retrouver, malgré la signature, toujours face à une rébellion, qui, en outre, se trouverait morcelée en une multitude de milices opposées.
 
A quoi son ancien vice-président a rétorqué : « Notre mouvement est totalement derrière l’accord. Nous voulons que la guerre cesse. »
 
Faute de qui, en effet, le plus jeune Etat du monde pourrait bien voir son avenir compromis…
 

François le Luc