Le chancelier allemand estime que le Conseil de sécurité de l’ONU ne reflète plus la réalité de la distribution du pouvoir à travers le monde : Angela Merkel a plaidé samedi, lors du sommet « G4 » à l’ONU, pour une réforme de cet organe en réclamant un siège permanent pour l’Allemagne, comme de bien entendu. Elle était flanquée des chefs des exécutifs du Brésil, de l’Inde et du Japon. Deux nations émergentes, deux nations qui portent encore le poids de leur rôle dans la Seconde guerre mondiale : il s’agissait bien d’obtenir un « rééquilibrage » qui redistribue les cartes et les blocs.
Deux pays qui se meurent par l’effet de l’hiver démographique, le Japon et l’Allemagne, le Brésil qui les suit vers le suicide à un rythme moins effréné avec ses 1,81 enfant par femme, et l’Inde qui au contraire attend une percée économique de sa richesse en hommes.
L’Allemagne, le Japon, le Brésil et l’Inde en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité
« Nous avons besoin d’une nouvelle méthode de travail pour résoudre les problèmes », a déclaré Angela Merkel, sous le regard approbateur de Dilma Roussef, Narendra Modi et Shinzo Abe. Ils ont publié ensemble une déclaration affirmant qu’il faut, « plus que jamais, un Conseil de sécurité plus représentatif et plus efficace afin de faire face aux crises et aux conflits globaux qui se sont multipliés ces dernières années », capable de « refléter la réalité de la communauté internationale au XXIe siècle ».
L’Allemagne et le Japon mettent en avant leur situation de grands contributeurs à l’ONU en tant que grandes puissances financières mondiales : tous deux se verraient bien attribuer un siège permanent au Conseil de sécurité aux côtés des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de la Russie et de la Chine, qui ont pouvoir de veto. Les dix sièges restants sont attribués temporairement aux gré des votes de l’Assemblée générale pour des mandats de deux ans : l’Allemagne y a ainsi siégé de 2011 à 2012.
Angela Merkel et Shinzo Abe réclament des sièges permanents aux Conseil de sécurité de l’ONU
Le Conseil de sécurité est un véritable organe de pouvoir supranational puisqu’il peut prendre des résolutions contraignantes, imposer des sanctions et mobiliser les forces armées de l’ONU. Même si nombre de ses résolutions restent lettre morte, il n’hésite pas dans de nombreux cas à imposer sa présence armée dans des conflits de tous ordres au service de la « paix » selon ses propres critères.
L’initiative des G4 – l’Allemagne, le Japon, le Brésil et l’Inde – ne pourrait aboutir qu’à travers une ratification en deux temps par l’Assemblée générale plénière de l’ONU, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité devant tous donner leur accord. L’accord majoritaire de l’Assemblée générale sur la négociation d’une réforme du Conseil de sécurité obtenu au début du mois ne pourra ainsi permettre d’aller plus loin, puisque les Etats-Unis, la Chine et la Russie ont refusé d’approuver le texte.
Ces dernières puissances sont réputées les plus hostiles à la modification des structures et des modes de fonctionnement du Conseil de sécurité.