Si le moral allemand est loin d’être au beau fixe, celui du chancelier, en revanche, et malgré sa soudaine baisse de popularité, ne change pas. Angela Merkel maintient le cap, envers et contre tout, et notamment malgré les critiques, nombreuses et récurrentes, vis-à-vis de sa politique d’accueil des refugiés.
L’accueil des réfugiés, en admettant qu’ils proviennent de pays considérés comme sûrs, ce qui est parfois invérifiable, divise non seulement la classe politique allemande, mais la coalition au pouvoir elle-même – sans parler même des appels à la démission lancés par le mouvement Pegida. Face aux exigences de la CSU bavaroise, Angela Merkel a accepté lundi le principe de création de « zones de transit » à proximité des frontières, afin d’y héberger ces étrangers le temps que leur situation soit clarifiée, comme cela se fait déjà dans les aéroports. Reste à déterminer comment cela se fera en pratique. Car le Parti social-démocrate (SPD), qui participe à la coalition gouvernementale, se déclare tout à fait contre. Ainsi, le ministre de la justice Heiko Maas dénonce ce qu’il appelle non des « zones de transit », mais bien des « centres de détention ».
Réfugiés : Merkel maintient son cap
En attendant, et sans doute pour contrer l’impact négatif de ce genre de décision, Angela Merkel a annoncé qu’il n’y aura pas d’augmentation d’impôt liée à l’arrivée des réfugiés.
Ce qui lui permet de déclarer, dans le même temps, qu’elle se refuse à toute limitation de leur nombre, au moins en ce qui concerne les réfugiés politiques. « Celui qui veut dire maintenant “on arrête” doit aussi pouvoir les arrêter. Et ce n’est pas si simple. C’est pourquoi je travaille à mettre de l’ordre dans la situation actuelle », affirme-t-elle. Par exemple, le refoulement des migrants « n’ayant aucune perspective de pouvoir rester » devrait être renforcé. Le chancelier se rendra par ailleurs en Turquie dimanche, afin d’étudier avec les autorités turques ce qu’il est possible d’entreprendre localement.
Mais dans le fond, comme elle vient de le déclarer au quotidien Bild, Angela Merkel n’entend pas varier : « Pour moi, cela fait partie de l’humanité fondamentale de notre pays que d’accueillir un réfugié avec sympathie, comme n’importe quel autre être humain. »
Appels au devoir
Forte du soutien global de son parti – du moins s’en dit-elle convaincue –, Angela Merkel rappelle chacun à ses devoirs : Europe, opinion publique, président de la République…
« L’ensemble de l’Europe doit s’engager pour la sécurisation des frontières de l’Union européenne et une répartition équitable des réfugiés dans les pays membres. Et il faut également agir au-delà de l’Europe », affirme-t-elle. Le message n’est pas nouveau ; mais l’appel est sans doute plus pressant.
A Joachim Gauck, le président de la République, qui déclarait récemment : « Nous voulons aider, notre cœur est grand, mais nos possibilités limitées », elle rétorque : « Le président a le pouvoir du verbe. Ma fonction est opérationnelle. Cela veut dire que je dois résoudre les problèmes. »
C’est la même réponse qu’elle apporte, avec un certain courage il faut en convenir, à l’opinion publique. Interrogée sur sa baisse de popularité, Angela Merkel affirme : « Les sondages ne sont pas mon étalon de mesure. »
Rappelant qu’elle n’a pas hésité à être impopulaire dans le passé, sur la question irakienne ou celle du nucléaire, elle conclut une nouvelle fois : « Ma référence, c’est le devoir qui est le mien en tant que chancelier : résoudre les problèmes. »
Résoudre les problèmes… La volonté est honorable, et juste. S’en remettre pour cela à l’étatisme bruxellois, dont les objectifs semblent bien différents des besoins des Etats-membres de l’Union européenne, ne semble pas pour autant, et bien au contraire, en mesure de constituer une réponse.