Vers l’autre rive est un film fantastique japonais. Il s’agit d’une tentative de variation longue, poétique, sensible, sur le thème d’un fantôme qui cherche à consoler sa veuve, en accomplissant un voyage initiatique en sa compagnie. De manière délibérée, les fantômes ont tous l’air d’humains vivants et parfaitement normaux. Ils doivent se réconcilier avec leurs proches, leur pardonner ou se faire pardonner les différends passés. Puis savoir définitivement partir, au bon moment, ce que tous les spectres ne sauraient pas faire. Tout cela relève du paganisme nippon traditionnel, le shintoïsme, mêlé de bouddhisme. Il y a un monde des morts, sans plus de précisions. La morale universelle, qui existe quoiqu’on en dise, est sauve : se suicider, tromper sa femme, etc. sont interdits. Ces actes ne sont pas sans conséquences graves, même si le shintoïsme ignore, au sens strict, la damnation éternelle.
Vers l’autre rive provoque l’ennui
Vers l’autre rive est à peine un film fantastique, et certainement pas un film d’horreur. Un couple se parle après une longue séparation. Il est certes fondamental de se parler dans un couple. Mais le spectateur se sent indiscret, visiblement de trop (quoique sans guère de possibilité de s’éclipser), puis il s’endort. L’histoire de ce couple, par sa banalité voulue, présente donc peu d’intérêt. On en apprend un peu plus, par petites touches, sur les personnages, et le spectateur avait deviné en fait assez vite les éléments de la question. Les surprises sont rares. De même, les autres histoires dans l’histoire, au cours de ce voyage, auraient beaucoup gagné à un traitement resserré. Pour ce type de petite histoire, plutôt sympathique, un montage efficace s’impose précisément. Le spectateur particulièrement patient aura la joie d’apprécier, en fin de film, les magnifiques paysages ruraux du Japon des montagnes,. Ils constituent le principal intérêt de l’œuvre, ce qui est bien peu. Vers l’autre rive provoque l’ennui, défaut majeur et rédhibitoire.