Un article publié par le journal américain The Intercept d’après la fuite d’une masse de documents classés secret par l’administration Obama révèle que celle-ci a ciblé de nombreuses personnes lors d’attaques par drone sur la période 2011-1013 couverte par les documents : des exécutions extrajudiciaires sans le moindre procès. Pire : sur une période donnée de cinq mois, 90 % d’entre elles ont atteint des personnes qui n’étaient pas des cibles définies par la Maison Blanche, mais de simples civils – parfois des Américains –, « victimes collatérales » de ces exécutions sommaires menées par drone. Si on fait le compte, Barack Obama a tué bien plus d’innocents, en ordonnant ses assassinats par drone, que tous les auteurs de fusillade de ses mandat cumulés ! Pire encore, les innocents assassinés par l’administration Obama sont décrits comme des « ennemis tués au combat » dans les documents officiels. Sans l’ombre d’une preuve.
« Toute personne atteinte à proximité de l’attaque est coupable par association », explique la source de The Intercept, qui tient à rester anonyme, notamment en raison de la chasse aux sorcières organisée par le gouvernement américain contre ceux qui exposent publiquement ses crimes.
Obama a commandité de très nombreux assassinats par drone, sans procès ni procédure judiciaire
Les documents couvrent les événements survenus entre 2011 et 2013, et reviennent également sur les raisons pour lesquelles certaines personnes se retrouvent sur les « kill list » secrètes d’Obama – sans accusation, sans jugement, sans juge.
Ils montrent également que les assassinats par drones s’institutionnalisent et se normalisent : depuis l’arrivée de Barack Obama au pouvoir, leur nombre ne cesse d’augmenter. Même ses plus fervents admirateurs devraient pouvoir imaginer leur réaction si ces faits étaient imputables à un adversaire politique, ou à un tyran étranger…
Après la parution de l’article, de nombreuses associations de défense des droits de l’homme ont également tiré la sonnette d’alarme. De plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer une action du Congrès, voire des interventions internationales. L’inquiétude grandit, et pour cause.
Bush pratiquait déjà les assassinats par drone, les documents fuités montrent que Barack Obama le fait plus massivement encore
Que se passerait-il par exemple si des gouvernements étrangers – parmi lesquels les gouvernements « ennemis » des Etats-Unis comme la Russie, la Chine, la Corée du Nord, l’Iran… – se mettaient à frapper leurs cibles humaines sur le territoire américain ? C’est bien cela que font les autorités américaines, mais aussi les autorités britanniques. L’ONU elle-même a déployé des drones par le biais de ses Casques bleus.
Si le scandale n’est pas nouveau – l’administration Bush avait les mêmes pratiques – il s’intensifie.
Sous Obama, le nombre des ces assassinats n’en finit pas d’augmenter. Loin de protéger les Américains, ils les exposent au ressentiment et à la haine de la part de l’entourage des personnes visées, tout en contribuant à rendre de telles pratiques « acceptables » sur le plan international : pourquoi les réserver aux Etats-Unis ?
Selon le journaliste Jeremy Scahill, auteur de l’article, sa source a décidé de parler pour que les Américains soient au courant de ces pratiques, qui avaient reçu la bénédiction de l’ancien ministre de la Justice Eric Holder. Ce qui se chuchotait jusqu’ici au détour d’un article est aujourd’hui démontré. Les documents sont très clairs : le gouvernement américain assassine ses citoyens sans procès, et ceux qui savent laissent faire.
Obama justifie les assassinats par drone en qualifiant les cibles de « menaces pour les intérêts américains »
La source explique également le silence et la docilité des militaires à qui l’on ordonne de réaliser le travail : les « cibles » sont totalement déshumanisées, elles ne sont plus qu’un numéro que personne n’appelle par leur nom. Il s’agit là d’une manière « propre » et peu risquée de faire la guerre, contre laquelle les militaires ne se plaignent pas.
La seule raison évoquée pour ces assassinats sans procès, c’est que leurs victimes constitueraient une « menace permanente et imminente pour les Etats-Unis », ainsi que pour le peuple ou les intérêts américains. Il n’en faut pas davantage au gouvernement américain. L’information a de quoi inquiéter : tout le monde peut devenir du jour au lendemain une menace pour les intérêts américains dès lors qu’il s’engage contre la politique menée par le gouvernement, dès lors que l’administration politique considère son opposition politique comme une menace.
Cela n’a rien d’inédit : c’est même le propre de tous les gouvernements totalitaires.