La régression, et le terme est identique en français et en anglais, la langue d’origine, est un terme-clef de la psychanalyse. Elle désignerait, parmi de multiples sens, un processus de reprise de conscience de phénomènes, au sens de drames passés, subis, et oubliés ou gardés de manière très déformés dans la mémoire consciente. La régression permettrait de retrouver la vérité primitive. Ainsi, un père accusé par sa fille, jeune femme, de viol incestueux, avoue facilement, mais sans en être sûr, en une attitude incohérente. Fuirait-il sa responsabilité en voulant obstinément oublier, occulter ce fait sinistre de sa mémoire ? Et sa fille ? Elle souffrirait d’une amnésie prononcée, mais traînerait une indéniable souffrance psychique intense. Ses propos, instillant de sombres révélations, font craindre l’existence de quelque terrible réseau sataniste.
Les acteurs, très connus, se montrent excellents, et sont bien dirigés par Alejandro Armenabar, célèbre pour sa grande réussite, le film fantastique les Autres (2001). A ce titre, Régression n’est donc pas totalement dépourvu d’intérêt. Le problème, et il est de taille, tient à la révélation finale, qui saborde complètement le film. Que les admirateurs d’Emma Watson, qui iront mordicus voir le film, s’arrêtent ici dans la lecture de cette critique, car la suite de notre propos donnera trop d’indications sur la fin.
Régression : un intérêt limité
Les êtres humains peuvent certes être victimes de gens monstrueux, mais aussi d’extravagants tenant des propos sans rapport avec la réalité. Des délirants peuvent montrer tous les signes apparents de la plus parfaite sincérité, ou développer un discours sincère qui ne correspond pas à la vérité. La fiabilité de la psychanalyse prêterait aussi pour le moins à discussion. Elle est même typiquement une fausse science, mêlant quelques intuitions de bon sens humain à de franches extravagances, souvent plus ou moins obscènes, dans la lignée de Freud. La régression est régulièrement accusée d’être inventée par le psychanalyste, qui suggèrerait de faux souvenirs. Ce dernier phénomène est maintenant reconnu, beaucoup plus qu’en 1990, époque où se situe l’action du film. Cela est un sérieux problème, car bien des adultes vraisemblablement innocents ont été condamnés lourdement sur de faux souvenirs d’enfants. En un sens, Régression pourrait servir de leçon dans une école de police ; il s’avère autrement d’un intérêt limité.