A l’heure de la violence et du sang, le G20 s’est néanmoins tenu en Turquie dans des conditions, compte tenu de l’actualité, à peu près normales. L’absence de François Hollande n’aura guère empêché ses partenaires de prendre la mesure des circonstances. Mais, malgré la volonté affichée par ses participants de progresser sur les nombreux fichiers qui se présentaient à eux, la réunion n’aura pas tenu ses promesses…
L’actualité aura justifié, plus encore que la volonté diplomatique, cette tenue du G20 en Turquie. Car Ankara, à défaut de détenir la solution du problème terroriste, détient la clef de certaines frontières ouvertes devant les millions de migrants qui s’entassent sur son territoire, et dont une minorité, fut-elle infime, attend sans doute avec impatience de succéder aux « martyrs » de ce vendredi 13.
En Turquie, le G20 face à la violence de l’actualité
Cette gestion de l’actualité, a souligné le président américain Barack Obama, aura quelque peu perturbé la vision économique qui est habituellement celle du G20. Voire ! Car, derrière la violence, l’économie n’est pas loin – et pas uniquement parce qu’elle peut en subir le contre-coup. Si la crise migratoire ne peut plus être pensée seulement en termes idéologiques d’accueil, convaincus – semble-t-il… – que sont nos dirigeants de la nocivité des djihadistes qui profitent du mouvement, elle pose, elle aussi, bien des questions qui ont trait, au-delà de la gestion humaine, à l’argent. Dans l’état de faiblesse où se trouvent en général nos finances européennes, quelle économie, fût-elle allemande, peut se permettre aujourd’hui d’accueillir à flux tendue des gens qui, leurs raisons mises à part, ont avant tout besoin de moyens, d’argent ?
Ces considérations établies, non sans d’ailleurs quelques sérieuses difficultés, les chefs d’Etat et de gouvernement du G20 se sont, revenant aux dossiers classiques, engagés à utiliser tous les outils à leur disposition pour soutenir une croissance économique à la fois déséquilibrée et inférieure aux attentes.
Aussi ont-ils confirmé leur objectif de dopage du PIB total des pays du G20 de deux points supplémentaires d’ici 2018, considérant en effet que la conjoncture mondiale pèse non seulement sur la croissance actuelle, mais aussi, ce qui est plus inquiétant, future.
Des promesses toujours aussi difficiles à tenir !
Cependant, les dirigeants du G20 n’ont apparemment pas trouver la recette miracle qui leur permettrait de parler avec plus d’assurance, se contentant d’insister sur la nécessité de « calibrer avec soin » les décisions de politique monétaire – ce qui est un peu court !
Parmi celles-ci, on retiendra sans doute cette volonté, maintes fois manifestée, de gonfler les muscles face à l’évasion fiscale des entreprises, notamment après le scandale de ces multinationales, telles Google ou Starbucks, qui ont profité des failles juridiques de certains pays pour passer entre les mailles du système fiscal. Mais là encore le principe est une chose, et son application une autre…
Au final, comme nombre de ces rendez-vous, le G20 turc n’aura pas tenu ses promesses – qui ne sont souvent, il est vrai, que des pétitions de principe destinées à calmer les opinions publiques des pays les plus mal en point.