Le Premier ministre britannique David Cameron a été – semble-t-il – très clair : les ministres de son gouvernement sont libres de faire campagne comme ils l’entendent en vue du referendum sur le maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne, le fameux Brexit qui agite Bruxelles, et quelques-unes des capitales européennes.
David Cameron, qui tente actuellement de renégocier les termes de l’adhésion de son pays à l’Union européenne afin d’éviter l’implosion que provoquerait un Brexit, avait déjà fait de ce sujet le centre de ses vœux pour la nouvelle année, promettant de « batailler ferme » pour résoudre la délicate question des liens entre Londres et Bruxelles. « Un seul intérêt nous anime, avait-il alors affirmé : le meilleur pour notre sécurité économique et nationale. »
David Cameron de nouveau face à la question du Brexit
S’adressant à ses compatriotes, il avait posé clairement les termes de la proposition : « A la fin, vous allez décider si nous sommes plus forts avec nos voisins européens au sein de l’Union européenne, ou seuls de notre côté. » Si clairement, peut-on dire, que la réponse, rabâchée par les européistes de tous les pays depuis des années, semble devoir être évidente.
Or justement pas. Mardi, devant les députés, le Premier ministre britannique a déclaré vouloir laisser la liberté de vote aux membres de son gouvernement lors de ce referendum sur l’Europe, qui semble désormais devoir se tenir au début de l’été. Certes, a-t-il précisé, « il y aura une position claire du gouvernement », c’est-à-dire, dans l’hypothèse d’un accord au sommet européen du mois prochain, une position favorable à l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne, mais les ministres pourront « défendre un avis différent ».
En échange et dans l’attente de cette liberté, les ministres devront se taire et respecter la solidarité gouvernementale jusqu’à ce que David Cameron ait terminé sa négociation avec Bruxelles.
Le Premier ministre britannique entend laisser ses ministres libres
On sait déjà que, quelle que soit l’issue de ces négociations, certains se prononceront personnellement pour le Brexit. C’est notamment le cas de Iain Duncan Smith, le ministre du Travail, ou de Chris Grayling, son collègue en charge des relations avec le Parlement. Mais d’autres pourraient basculer en ce sens, tels les ministres de l’Economie, Sajid Javid, ou de la Justice, Michael Gove, si les tractations que mène David Cameron n’aboutissent pas à un résultat qu’ils puissent juger acceptable…
La situation n’est donc guère simple pour le Premier ministre, qui affirme aujourd’hui encore n’exclure aucune option, mettant ainsi une pression supplémentaire sur les institutions européennes.
Il est vrai que son avenir pourrait se jouer à l’occasion de ce scrutin. Si le Brexit sortait vainqueur du scrutin, David Cameron pourrait bien être contraint de quitter le 10 Downing Street avant la fin de son actuel mandat qui court jusqu’en 2020. Sans doute est-ce pour cela qu’il semble rechercher le soutien de deux membres influents de sa majorité, qu’on dit d’autant plus indécis sur le vote référendaire qu’ils semblent briguer sa succession : Theresa May, actuel ministre de l’Intérieur, et Boris Johnson, le maire de Londres.
Dans cette perspective, ma marge de manœuvre est donc très mince. Les responsables européens devraient s’en rendre compte. Si le Premier ministre britannique n’obtient rien de substantiel, une majorité importante du gouvernement pourrait se retrouver à faire campagne pour le Brexit. Et David Cameron lui-même pourrait bien être tenté de revoir sa copie…