Ce sont les « super-riches » : ces 62 personnes dont le patrimoine combiné dépasse celui de la moitié de la population mondiale, les 50 % de « pauvres ». Ils bénéficient d’une situation où « les inégalités » ne cessent de croître : en 2010, il fallait encore additionner les richesses de 382 « possédants » pour arriver à ce même rapport. L’an dernier, il suffisait de 80. Et ainsi la richesse se concentre-t-elle dans les mains de quelques-uns, montre le rapport annuel publié par l’organisation charitable Oxfam à quelques jours de l’ouverture du Forum économique mondial à Davos.
Non seulement les super-riches ont vu leurs avoirs s’étoffer de 500 milliards de dollars, les pauvres ont perdu au change puisque leur richesse a chuté de mille milliards de dollars depuis 2010 : – 40 %, alors que la population mondiale a progressé de 400 millions d’âmes sur la même période.
Plus largement, 1 % de la population mondiale possède selon Oxfam autant que le reste du monde, une éventualité que l’ONG prévoyait pour 2016 et qui s’est produite avec un an d’avance.
Oxfam demande des mesures socialistes pour traquer les inégalités
Voilà pour l’information. Oxfam en tire argument pour recommander des actions politiques : accentuer la traque de l’évasion fiscale, augmenter les investissements publics – dans le domaine de l’éducation et de la santé notamment – et améliorer les revenus des plus mal payés. C’est, en définitive, une politique socialiste qui est recommandée pour mettre fin aux « inégalités » conçues comme néfastes en elles-mêmes – alors que certaines peuvent être des scandales criants, d’autres encore refléter une harmonieuse et féconde diversité, d’autres enfin relever du fantasme…
« Il nous faut mettre fin à l’ère des paradis fiscaux qui a permis aux individus et aux compagnies multinationales riches de fuir leurs responsabilités à l’égard de la société en cachant de plus en plus d’argent dans des refuges “offshore” », a déclaré Mark Goldring, directeur exécutif britannique d’Oxfam, tempêtant contre les « super-riches » qui tiendraient dans un seul car (à condition de parvenir à les y faire monter, bien sûr !). Ainsi 30 % de la richesse africaine serait investie « offshore », représentant un manque à gagner fiscal estimé à 14 milliards de dollars qui auraient pu servir à améliorer la santé des femmes et des enfants et payer assez de professeurs pour que chaque enfant africain puisse être scolarisé… Y croient-ils vraiment ?
62 super-riches possèdent près de 2.000 milliards de dollars
Le rapport s’inquiète aussi de voir la proportion de plus en plus modeste des PIB nationaux qui aboutit dans la poche des travailleurs les plus pauvres, les femmes notamment, alors que les revenus des mieux payés progressent, soutenus par les retours sur investissement et la possibilité de recourir à des paradis fiscaux.
Oxfam note que l’« inquiétude » affichée par les leaders mondiaux à propos des inégalités n’a pas entraîné d’action concrète malgré les déclarations d’une Christine Lagarde ou du pape François.
Soit. La concentration de la richesse entre les mains d’une petite minorité hyper-puissante n’est pas un bien. Mais la paupérisation des classes moyennes, et la misère des populations victimes du socialisme, de la corruption, de l’exploitation de forces de travail payées au lance-pierre dans des pays comme la Chine sont des réalités qui devraient faire réfléchir d’une autre manière à l’organisation sociale, à la division mondiale du travail et autres joyeusetés inventées par les internationalistes.
Les 50 % les plus pauvres ne sont pas tous des miséreux
Mais non : ce sont les « solutions » socialistes qui sont mises en avant. Mais sur quel fondement ? Le journaliste Felix Salmon remet en cause depuis plusieurs années nombre d’affirmations d’Oxfam fondées sur les études annuelles de Crédit Suisse sur la fortune mondiale. Il souligne entre autres que les chiffres tiennent compte des emprunts, de l’endettement en somme, de telle sorte que des étudiants américains à Harvard peuvent être comptés plus bas que les miséreux du Tiers-Monde qui certes ne possèdent pas grand-chose, mais qui ne doivent rien non plus. Les chiffres tiennent également compte des possessions immobilières dont la valeur peut mettre une famille de classe moyenne possédant un gros appartement dans une capitale surcotée parmi le fameux « 1% », alors que les terres du Tiers-Monde, non cadastrées, ne sont pas comptabilisés.
Il suffit à ce compte d’avoir 50 centimes en poche pour avoir plus d’argent que les deux milliards de personnes dans le bas du tableau, qui ont une richesse négative,écrivait-il l’an dernier.
Bref, comme au temps de Disraeli et de Mark Twain, les statistiques ne sont qu’un type de mensonge – ou plus exactement peuvent tout dire et son contraire selon le bout par lequel on les prend.
Et quand ils sont utilisés pour la promotion du socialisme, il est légitime de se poser quelques questions.