Le Telegraph de Londres affirme, sur la foi de déclarations faites par les chefs du renseignement libyen, que l’Etat islamique recrute actuellement une « armée de migrants » appâtés par une prime de 1.000 dollars à l’engagement. Ces fantassins de la misère arrivent en Libye depuis les pays les plus pauvres d’Afrique : Tchad, Mali, Soudan… C’est ainsi que l’Etat islamique est en train d’étoffer son implantation au nord du continent africain – sachant que pour les nouvelles recrues, la somme proposée équivaut à une petite fortune. Le salaire moyen dans leur pays d’origine atteint à peine 1 dollar par jour…
Les autorités régulières en Libye (si l’on peut dire) avouent être quasi impuissantes devant l’afflux des migrants qui profitent évidemment des routes du trafic humain vers l’Europe.
Une armée des migrants d’Afrique rejoint l’Etat islamique pour 1.000 dollars par tête
Est-ce un « copier-coller » de la politique de Kadhafi, qui avait lui aussi monté sa garde noire en recrutant des milliers de mercenaires en Afrique sub-saharienne ? C’est le commentaire du quotidien de Londres, qui voit se dessiner le même schéma autour du Califat qui s’installe de plus en plus durablement à Syrte : on y voit de plus en plus de combattants noirs autour des chefs irakiens et syriens arrivés dans les bagages de l’Etat islamique. Le gros des troupes seraient actuellement formé de Tunisiens et d’Egyptiens.
Il y a des différences de taille pourtant. Kadhafi était un dictateur recherchant une protection face aux velléités d’opposition ; l’Etat islamique est par nature expansionniste, dans un esprit d’inversion missionnaire qui passe par le sang, la conquête et les attentats – la motivation religieuse peut ici renforcer les arguments d’enrôlement.
L’Etat islamique recrute en profitant du chaos en Libye
D’autre part, le contexte actuel de ruée vers l’Europe multiplie lui aussi les possibilités de recrutement : la Libye est devenu un passage quasi obligé et tellement plus sûr et pratique depuis que l’intervention des « Alliés » et le renversement du régime contestable, mais stable, du colonel Kadhafi a permis d’y installer le chaos.
« La plupart des migrants veulent partir pour l’Europe, mais quelques-uns veulent rejoindre l’Etat islamique. Hélas, ici en Libye nous sommes au beau milieu de leur course à l’échalote », affirme le colonel Muncif al-Walda, officier de police à Misrata.
Le résultat de tout cela ? Peut-être une nouvelle occupation à la charge des pays « alliés » : tant les Etats-Unis que le Royaume-Uni cherchent à convaincre les autorités libyennes d’accepter une présence militaire qui pourrait comprendre 1.000 soldats britanniques et 5.000 soldats italiens chargés de « former » l’armée libyenne face à la menace de l’Etat islamique.
On prend les mêmes et on recommence.