Le gouvernement de la Chine envisage le licenciement de 5 à 6 millions de travailleurs

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Ce sera la plus grosse opération de « déstockage » entreprise par la Chine depuis deux décennies : le gouvernement entend procéder au licenciement de 5 à 6 millions de travailleurs dans l’industrie d’ici à deux ou trois ans. Pardon pour le mot, mais devant des décisions d’une telle ampleur de la part d’un gouvernement central communiste, matérialiste, les hommes sont une matière première comme les autres…
 
L’information a été rendue publique par Reuters, qui la tient de deux sources « fiables » et concordantes : l’opération coûtera, selon celle-ci, quelque 23 milliards de dollars et visera les secteurs industriels en surcapacité comme ceux du charbon et de l’acier. Le pouvoir central chinois chercherait également à atténuer la pollution causée par un excès d’usines.
 

Un licenciement collectif de 5 à 6 millions de travailleurs ?

 
Les mises de fonds spectaculaires ont été budgétées pour éviter les troubles sociaux que pourraient entraîner ces licenciements massifs, mais ils seront sans doute loin de représenter le coût total de l’opération qui aura des répercussions sur les prestataires de ces industries. Il s’agira également de couvrir la dette accumulée par nombre de sociétés « zombie » qui continuent de payer une partie de leurs employés à ne rien faire alors même qu’elles ont fermé telle ou telle activité, dans la mesure où les gouvernements régionaux veulent à tout prix éviter le chômage et les faillites.
 
La Chine se heurte ainsi aux problèmes inhérents aux systèmes économiques étatisés, lourds, inefficaces, déconnectés du réel et en définitive inhumains. Ainsi le secteur public, « extrêmement inefficace » selon Reuters, emploie 37 millions de personnes (les statistiques sont de 2013), assure 40 % de la production industrielle chinoise et près de 50 % des prêts bancaires.
 
C’est donc bien au gouvernement qu’il revient de faire des coupes sombres dans la main-d’œuvre : dans le charbon et l’acier, mais aussi les usines de production de ciment, de verre, la construction navale, dont la rapide croissance a au moins pour partie reposé sur du vent, comme en témoignent les problèmes actuels.
 

Comment le gouvernement communiste de la Chine méprise la réalité – et les hommes

 
Au fil des ans, la Chine s’est repue d’argent facile en s’ouvrant partiellement à l’économie de marché, et n’a pas hésité à investir dans des infrastructures démesurées : toutes ces usines, ces aéroports et même ces villes fantômes dont certaines n’ont jamais été occupées. The New American souligne que le boom chinois, qui lui a permis de prétendre au titre d’atelier du monde, s’est appuyé sur la création d’argent ex nihilo : de l’argent « digital » créé par la Banque centrale chinoise à un rythme effréné. L’équivalent de trois mille milliards de dollars il y a dix ans, plus de 34,5 mille milliards aujourd’hui…
 
Tigre ou dragon de papier, la Chine ne pouvait espérer échapper à un brusque atterrissage. George Soros lui-même annonçait la crise à venir dès 2006 ; la dégringolade des bourses l’an dernier a confirmé son existence l’an dernier. Certes les autorités centrales affichent toujours une belle croissance ; mais les 6,9 % annuels annoncés au dernier trimestre de 2015 sont démentis par une réalité aussi concrète que la consommation d’électricité, excellent indicateur – son augmentation nationale atteignait à peine les 0,7 % l’an dernier.
 

La Chine, un tigre de papier dont l’économie risque l’effondrement

 
Il faut ajouter que l’émergence de la Chine a largement reposé sur sa richesse en hommes. Aujourd’hui, elle peine a faire fructifier les mesures qui sont censées compenser la catastrophe de la politique de l’enfant unique. Celle-ci a vidé les berceaux, abouti à l’élimination de millions de filles et poussé la Chine vers un déficit de population active.
 
Mais si la population active décroît, à quoi peut bien rimer la mise au chômage de millions de travailleurs à brève échéance ?
 
Eh bien, elle est d’abord liée à l’inadaptation d’un secteur industriel victime du dirigisme mais aussi de la corruption – tout régime communiste engendre sa Nomenklatura néfaste. Mais on sait aussi que le vieillissement de la population est en soi un facteur de ralentissement économique qui loin de permettre le plein emploi pèse sur celui-ci. La Chine est-elle en train d’en apporter une nouvelle illustration ?
 

Anne Dolhein