C’est en tant que président de l’Association patriotique catholique chinoise – officiellement reconnue par le parti communiste chinois alors que l’Eglise catholique clandestine continue d’être persécutée – que l’évêque Johan Fang Xinjao a justifié la décision du gouvernement de procéder à l’élimination des croix et d’autres symboles chrétiens de la sphère publique. Ses déclarations interviennent alors que le gouvernement communiste est sous le feu de la critique pour la mise en œuvre de décisions discriminatoires à l’égard des chrétiens : ce n’est pas une persécution, assure le prélat.
Les chrétiens et les officiers gouvernementaux devraient « s’asseoir à la table des discussions » pour parler de la campagne du parti communiste central qui a abouti à la démolition de 1.700 croix depuis son lancement à la fin de 2013. « Je crois que cela permettra de résoudre les conflits », a affirmé Mgr Fang.
Des propos lénifiants aux antipodes de la réalité chinoise, marquée par une résistance de plus en plus nombreuse à la volonté du gouvernement de réguler et de surveiller toute pratique religieuse.
Mgr Johan Fang Xinjao excuse le gouvernement chinois
S’exprimant sur I-Cable TV de Hong Kong, Mgr Fang a déclaré que les destructions ne relevaient pas d’une « politique nationale » – faut-il en déduire qu’elles résultent d’initiatives isolées de responsables communistes trop zélés ? Ce n’est pas l’avis des chrétiens de Chine, qu’ils soient catholiques ou protestants. D’autant que la destruction des symboles chrétiens fait partie des 21 « sujets sensibles » que les journalistes n’ont pas le droit de couvrir au cours des actuelles sessions du CPPCC (Conférence consultative politique du peuple chinois), par décision du Parti communiste chinois.
Il apparaît également clairement que si les destructions de croix semblent circonscrites à la province de Zhejiang, le gouvernement central ne fait rien pour les empêcher.
Un représentant d’Eglise protestante clandestine, Xu Rongxin, a ainsi publié un tweet dénonçant la collusion de ce dignitaire de l’Eglise patriotique avec le pouvoir. Pourquoi ne parle-t-il pas au nom de l’Eglise catholique ? « Je crois que s’il l’avait fait, il aurait déjà été jeté en prison et il ne participerait pas à des réunions à Pékin », souligne-t-il.
L’Eglise patriotique chinoise dit que l’élimination des croix ne relève pas de la politique nationale du pays
Mgr Fang fait partie des neuf membres catholiques du CPPCC, aux côtés de trois autres évêques de l’Eglise patriotique non reconnus, comme lui, par le Vatican – même si aujourd’hui celui-ci semble prêt à négocier sur ce point avec le gouvernement athée, comme l’a dénoncé récemment le cardinal Zen.
Le CPPCC se penche actuellement sur la révision de la Régulation des Affaires religieuses, selon le média d’Etat China Daily : elle est présentée comme devant mieux assurer les droits des groupes religieux qui se verraient reconnaître la personnalité juridique et avec elle, le droit de posséder des comptes en banque et de se voir mieux protéger dans les conflits. Mais les Eglises et groupes religieux qui ne sont pas passés sous les fourches caudines du pouvoir athée y voient un moyen de mieux contrôler les croyants, à l’heure où le nombre de croyants chrétiens – ils sont aujourd’hui bien plus de 100 millions, selon Breitbart – dépasse celui des communistes chinois encartés.