Des officiers mandatés par le bureau de l’Attorney General (procureur général) de Californie ont fait une perquisition au domicile de David Daleiden mardi en cours d’après-midi. Ils ont saisi tous les rushes des vidéos tournées pendant ses années d’investigation sous fausse identité, qui ont permis de mettre au jour la vente d’organes prélevés sur des bébés avortés dans des cliniques d’avortement du Planned Parenthood des Etats-Unis.
Le système judiciaire des Etats-Unis étant ce qu’il est, la perquisition a des relents politiques évidents. Elle a été menée par le bureau de Kamala Harris, procureur général de Californie, membre du parti Démocrate et amie d’Obama. Non seulement elle a été élue à son poste actuel à l’aide de dons – en dizaines de milliers de dollars – de la part du Planning familial américain, mais en outre elle fait actuellement campagne pour être élue au Sénat fédéral. Sous l’étiquette démocrate, bien sûr.
Le Planned Parenthood a payé le procureur qui a ordonné la perquisition
Et on ose dire que le système français du juge d’instruction – magistrat indépendant et censément impartial – est inférieur à l’organisation anglo-saxonne de la justice, totalement politisée aux Etats-Unis où procureurs et juges sont élus à la suite d’onéreuses campagnes !
Kamala Harris avait promis, dès que le scandale du Planned Parenthood et de son trafic d’organes avait été révélé, d’ouvrir une enquête pour déterminer si David Daleiden et ses coéquipiers du Center for Medical Progress avaient enfreint la loi locale en se servant d’une fausse identité pour avoir accès à de hauts responsables et leur proposer des opérations de récoltes d’organes de fœtus « pour la recherche ».
Les vidéos ont montré que Planned Parenthood America était tout à fait disposé à discuter des prix, des procédures éventuellement non conformes à la loi pour assurer la « récolte » d’organes en bon état. Des films qui ont secoué les Etats-Unis…
Les méthodes de journalisme d’investigation utilisées par David Daleiden sont classiques dans la profession et ne font généralement pas l’objet de poursuites. Des proches du jeune homme ont souligné que les démarches judiciaires entreprises à son encontre sont de l’ordre du harcèlement, voire de la rétorsion en raison des faits qu’il a mis au jour à propos de la puissante industrie de l’avortement.
Les vidéos de David Daleiden sur la vente d’organes saisies par la justice
Un expert légal, Matt Heffron, conseil de Daleiden, a ainsi qualifié la perquisition d’« excessive » et « outrageusement hors de proportion par rapport au délit allégué », et relève de l’oppression à l’aide de la puissance publique.
Du côté du Planning familial et des associations pro-avortement on parle de « conspiration criminelle » visant à « tromper le public » : « Maintenant (Daleiden) paie le prix », a déclaré Erica Sackin, porte-parole du Planned Parenthood. Pour la présidente du National Abortion Federation, « Les faits dans cette affaire ont montré qu’il s’est engagé dans une conspiration criminelle de longue date. Ses actions ne sont pas sans conséquences. »
Le Planned Parenthood a été moins diligent quand il s’est agi de dénoncer un avorteur comme Kermit Gosnell dont la clinique s’est attirée le qualificatif de « Maison des horreurs » : sans l’accepter comme membre, il n’avait pas jugé utile de signaler à la justice les pratiques illégales et l’irrespect des conditions de salubrité par le spécialiste des avortements tardifs.
David Daleiden lui-même reste serein. Il a indiqué que la perquisition n’avait pas été « une surprise », d’autant que le procureur de Planned Parenthood, « acheté et payé », a systématiquement refusé d’appliquer la loi sur les trafiquants d’organes de fœtus de Californie : « Nous ferons tout pour faire respecter nos droits inscrits dans le Premier amendement » – la disposition constitutionnelle qui protège la liberté d’expression.