Depuis 2011, le comité de Bâle chargé de surveiller la sécurité du système financier dresse la liste des grandes banques à risque, qui menacent d’entraîner le monde si elles font faillite. Les critères de classement sont complexes, mais le résultat est clair : les anglo-saxonnes sont en tête, et le risque chinois croît. Tel est le résultat de l’étude du bureau fédéral de recherche financière des Etats-Unis qui reprend les données du comité de Bâle.
La faillite de Lehman Brothers en 2008 et la terrible crise financière qu’a connue le monde entier à sa suite ont conduit la communauté internationale à prévoir des règles prudentielles plus sévères pour les grandes banques. Le comité de Bâle, fondé en 1974 par l’Allemagne, la Belgique, le Canada, l’Espagne, les Etats-Unis, la France, l’Italie, le Japon, le Royaume Uni, le Luxembourg, la Suède, la Suisse, les Pays-Bas, qu’ont rejoint en 2009 l’Australie, la Chine, la Russie, le Brésil, la Corée, l’Inde, le Mexique, Hong Kong, Singapour, l’Indonésie, la Turquie, l’Argentine, l’Arabie saoudite et l’Afrique du Sud, a pour mission d’améliorer les pratiques bancaires et le contrôle prudentiel des établissements. C’est dans ce cadre qu’il publie chaque année les données concernant les banques « d’importance systémique », c’est à dire celles dont la faillite pourrait entraîner celle du système financier mondial. Le bureau fédéral de recherche financière des Etats-Unis vient d’analyser ces données.
L’étude du comité de Bâle porte sur toutes les grandes banques
L’étude porte sur les données de 2014 et examine trente banques dites d’importance systémique disséminées à travers le monde. Pour la France figurent notamment le Crédit agricole, BNP Paribas, la Société générale. Les principale grandes banques européennes y figurent, dont la Deutschebank, le Crédit Suisse et la britannique HSBC, les Américaines forment les gros bataillons, et l’Asie est présente, en particulier trois mastodontes chinois, la Banque de l’industrie et du commerce chinois, la Banque chinoise de la construction, et la Banque chinoise de l’agriculture. L’étude du comité de Bâle utilise douze indicateurs qui prennent en compte la taille des banques, leur interconnexion avec le système, leur complexité, leurs activités intersectorielles et internationales, le degré de substituabilité des services qu’elles offrent. Ces douze indicateurs permettent d’attribuer une note globale à chacune des banques, et plus celle-ci est élevée, plus le risque d’entraîner une faillite mondiale est grand. Le but de ce calcul est déterminer quelles sont les banques qui menacent le plus le monde, et de les inciter à réduire le risque en augmentant leurs capitaux propres par rapport à la masse des engagements qu’elles prennent.
Les banques qui menacent le monde : bientôt la Chine
Par rapport à 2013, date à laquelle les données, naguère réservées aux experts, sont devenues publiques, l’étude du comité de Bâle n’apporte pas de grandes révélations. Les deux banques qui risquent de tomber sur la tête de la planète sont toujours l’américaine JP Morgan Chase et la britannique HSBC. Vient ensuite un peloton assez inquiétant, avec dans l’ordre décroissant Citigroup, BNP Paribas, Deutsche Bank et Barclays, suivi d’un autre groupe, Bank America, Crédit Suisse, Goldman Sachs, Mitsubishi, Morgan Stanley. A partir de là, le score de risque, qui s’établissait à 495 pour JP Morgan, passe en dessous de 220.
Si l’on regarde les évolutions, plusieurs choses inquiètent. D’abord, la montée rapide des risques chez les banques chinoises : elles étaient jusqu’ici sages comme des images, elles demeurent relativement bonnes élèves, mais leurs scores grimpent à toute vitesse (croissance du risque systémique de 25 % en un an pour la Banque de l’agriculture chinoise). Ensuite la stagnation globale des banques américaines (avec même une croissance du risque important chez Wells Fargo) : seule Morgan Stanley a amélioré sa situation. Ce qui signifie que les règles prudentielles décidées après la crise financière de 2008 n’ont pas été appliquées par les banques américaines dans leur ensemble, qui menacent toujours le monde, et que ces règles ont seulement constitué un handicap de concurrence pour les banques européennes.