Lundi, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a fait le déplacement de Grande-Synthe afin d’annoncer que l’Etat allait financer le fonctionnement du camp de migrants qui y est installé. Une volte-face du gouvernement qui s’y était opposé lorsque le maire de la commune, l’écologiste Damien Carême, en avait élaboré le projet.
« Je me suis rendu compte que le projet était ici sérieux, solide », a déclaré le ministre de l’Intérieur en visitant le camp. « Nous venons pour dire que nous financerons, nous venons pour faire ensemble, nous n’avons pas vocation à maintenir à l’infini des camps mais sans ces camps, il manquerait un élément dans la chaîne », a-t-il ajouté.
Le gouvernement veut financer le camp de migrants de Grande-Synthe
Et, comme si ce n’était pas assez précis, le ministre du Logement, Emmanuelle Cosse, qui l’accompagnait, a ajouté que l’Etat investirait 3,9 millions d’euros avant de signer une convention tripartite avec la ville de Grande-Synthe et une association de lutte contre l’exclusion, l’Afeji. Une convention prévoyant la scolarisation des enfants de migrants, un accompagnement sur la durée et un accès aux soins.
Faute d’avoir pu l’interdire, lorsque le maire, en partenariat avec Médecins sans Frontières, a décidé de vider l’ancien camp où les conditions étaient encore plus terribles qu’à Calais, le gouvernement a donc reconsidéré sa position. En définitive, il a ainsi décidé d’encadrer ce camp de migrants, de participer à son financement et de prévoir à un terme non défini sa fermeture.
La préfecture se fait le relais de cette déclaration. « L’objectif est de le fermer à terme, de trouver des solutions pour les migrants comme cela a été le cas à Calais », assure-t-elle.
Ah !
Parce que les « solutions », à Calais, ont tout de même fait quelque bruit, au cas où on ne s’en serait pas aperçu à la préfecture ; à tel point que la Belgique a évoqué une fermeture des frontières. Une déclaration velléitaire qui n’a eu, semble-t-il, que bien peu de réalité.
L’Etat a-t-il des solutions ?
En attendant, sont arrivés au camp de La Linière environ 1.300 migrants, essentiellement des Kurdes irakiens nous dit-on, début mars, qui, auparavant, étaient regroupés dans une zone boueuse sise un peu plus loin.
Au dernier comptage, il y a une semaine, ils étaient un peu plus de 700 migrants dans le camp, sans qu’on sache précisément ce que sont devenus les 600 autres, puisque la mairie n’a guère la possibilité de les gérer ailleurs, et que le gouvernement, lui, débarque…
Ce qui n’empêche pas Bernard Cazeneuve de se féliciter – c’est toujours plus sûr que d’attendre les autres… – de la réussite de la lutte contre les passeurs. L’an dernier, 251 filières ont été démantelées en France, 25 % de plus que l’année précédente. « Et en 2016, sur les cinq premiers mois, 116 nouvelles filières ont été démantelées, là aussi en hausse de 25 % », ajoute-t-il.
C’est, incontestablement, bien. Mais est-ce suffisant ?