Face à une administration fédérale de plus en plus intrusive, un nombre grandissant de patriotes américains constituent des « unités de défense » (1.000 groupes aujourd’hui sont dénombrés contre 150 en 2008), des groupes considérés par les autorités fédérales comme extrémistes et parfois violents. Depuis l’élection d’Obama en 2008 et la récession économique, ces groupes sont en plein essor, jugeant inconstitutionnelle la mainmise grandissante du pouvoir fédéral sur les droits des individus, les armes et la liberté d’expression.
Ces groupes, qui pratiquent les techniques de survie, stockent des vivres, étudient la Constitution et s’entraînent au maniement des armes, se composent principalement de gens du peuple aux professions variées. « La Constitution ne dit pas que nous ne pouvons pas nous lever et nous défendre nous-mêmes… Nous avons laissé le gouvernement dépasser les bornes et nous diriger, ce qui n’a jamais été l’intention de personne dans ce pays », déclare Soper, père de famille de 40 ans et fondateur d’un groupe d’une trentaine de personnes dans l’Oregon, la « Garde constitutionnelle de l’Oregon du centre ».
Sur la toile, les partisans patriotes soutiennent par milliers les groupes de défense
Pour Mark Potok, du Centre juridique de la pauvreté du Sud, les partisans de ces groupes se comptent par centaines de milliers. L’un de ces groupes, les Oath Keepers (Gardiens du Serment), constitué d’anciens membres de la police et de l’armée, a plus de 525.000 « j’aime » sur son compte Facebook.
Bien qu’il y ait déjà eu des précédents violents lors d’affrontements entre des civils et des agents fédéraux (comme en 1990 à Rudy Ridge dans l’Idaho et Waco au Texas – avec 90 morts), le mouvement patriote a connu un énorme succès en 2014 après le recul de la police fédérale lors d’une confrontation avec des partisans d’un propriétaire de ranch, Bundy, qui refusait de payer une taxe pour laisser brouter ses vaches sur des terres fédérales. Les partisans de Bundy furent ensuite enrôlés lors d’un face à face similaire l’an dernier sur les terres des mines d’or de l’Oregon et du Montana.
Pour Stephanie Douglas, directrice jusqu’en 2013 des programmes du FBI de contre-terrorisme intérieur, « Le fait d’utiliser votre liberté d’expression ne fait pas de vous un terroriste simplement parce que vous n’êtes pas d’accord avec le Gouvernement. Mais quand on commence à prôner la violence ou à radicaliser des gens en vue de leur faire commettre un acte violent, le Gouvernement fédéral réagit. »
Le mouvement patriote américain conscient d’une possible crise de grande ampleur
Certains reprochent à ces groupes de cultiver une nostalgie peu réaliste des années 50, taraudés qu’ils sont par des sujets tels un complot onusien en vue de l’établissement d’un gouvernement mondial, la réduction voulue à travers « l’Agenda 21 » de la population mondiale à moins d’un milliard d’individus, ou encore la promotion à outrance de l’avortement dans le monde.
Ces groupes sont souvent simplement conservateurs et n’apprécient guère la politique socialiste d’Obama et d’Hillary Clinton, qu’ils jugent néfaste pour l’économie et l’emploi de leur pays. Et ils constatent avec inquiétude la fébrilité du dollar et l’achat massif d’or par la Chine, comme autant de signes précurseurs d’une possible crise économique de grande ampleur.