La BBC, ITV, Channel 4, Sky, les principales chaînes de TV britanniques participent au projet diamant qui vise à surveiller que toute émission de la TV anglaise soit formatée pour refléter la « diversité » ethnique et sexuelle de la société britannique. Le pays de la liberté d’expression n’a plus rien à envier à celui des droits de l’homme.
 
Le projet diamant inclura les émissions préférées des Britanniques, celles qui « font le plus d’audimat », EastEnders, Coronation Street et compagnie. Il concerne d’abord les quatre grandes chaînes nommées plus haut et s’étendra à terme à toute la télévision anglaise : les données concernant l’origine ethnique, l’âge, le handicap, le genre et l’orientation sexuelle des éléments clefs de chaque émission seront relevées et étudiées, du preneur de son aux acteurs. Cela afin que l’équipe retenue et le contenu reflètent aussi exactement que possible la « diversité » de la société anglaise, dont la TV doit devenir le miroir scrupuleux.
 

Le projet diamant enquêtera sur le genre et l’orientation sexuelle

 
Toutes les données recueillies seront traitées par un logiciel qui les rendra anonymes puis étudiera les tendances relevées. L’organisation qui est derrière le projet diamant, CDN (creative diversity network, le réseau de la diversité créative) entend commencer par une surveillance statistique de l’ensemble des chaînes de télévision observées, puis passer dans un deuxième temps à l’étude de chaque émission. L’objectif de cette surveillance étant en fin de compte que chacune soit parfaitement formatée pour répondre aux exigences de la « diversité ».
 
Pour que l’étude des personnels soit exacte et représentative, le projet diamant soumettra tout participant à une émission de TV anglaise à un questionnaire détaillé incluant son identité de genre et son orientation sexuelle. Savoir si un acteur peut éviter d’y répondre n’est pas très clair, mais CDN affirme avec la plus grande fermeté que l’anonymat de chacun sera garanti par un cryptage des logiciels sans faille. Une promesse qui n’engage que ceux qui l’écouteront.
 

A l’origine, la TV anglaise pas assez formatée

 
Pour l’instant, les séries dramatiques, le divertissement et la télé-réalité seront seuls surveillés, mais dès l’an prochain c’est toute la TV anglaise, y compris le sport et l’actualité que le projet diamant veut voir formatée. Selon Amanda Ariss, la directrice de CDN, « certains producteurs et le syndicat des médias britanniques Bectu voudraient que chaque programme soit étudié, mais nous n’en avons pas les moyens et devons nous cantonner aux grandes émissions populaires ». Cependant, à terme, son ambition est de « surveiller à peu près toute émission produite au Royaume uni  sur toutes les chaînes de TV».
 
A l’origine de ce projet, qui va mettre en fiches une somme de données sans précédent concernant les médias, se trouve la controverse qui a frappé la BBC voici deux ans pour son « soap opera » vedette, Eastenders, qui peint la vie dans l’est de Londres : on a noté que les personnages étaient deux fois plus blancs et considérablement plus jeunes que la population sur le terrain. A l’époque, Diane Coyle, la patronne du Trust BBC, jugea « ridicule » de vouloir faire d’une série « la réplique exacte » d’East End, mais ajouta qu’il était « important de se demander si la BBC pouvait faire plus dans ses émissions populaires pour présenter un portrait authentique de la Grande Bretagne moderne ».
 

La diversité ethnique à l’origine du projet diamant

 
A peu près au même moment, le comédien Lenny Henry préconisait que les parlementaires britanniques légifèrent sur la proportion des Noirs et minorités ethniques (acronyme en langue anglaise : BAME) à la TV anglaise et demandait des subventions spéciales pour les projets menés par les BAME. Avec cette justification : « La charte de la BBC promet de représenter le Royaume Uni, ses nations, régions et communautés. Les BAME en sont partie intégrante, nous méritons donc d’être représentés. » Son discours inspira le projet diamant. En lançant celui-ci au festival international de télévision d’Édimbourg, Amanda Ariss a affirmé qu’il aiderait à « donner une image précise » du degré de diversité de la TV anglaise. C’est-à-dire à s’assurer qu’elle est formatée aux exigences du politiquement correct : « C’est un bon outil pour nous aider à accélérer la diversité (…) Chacun est bien d’accord que plus précises sont les données, plus efficace sera le système de pilotage pour agir ».
 
Le président de CDN estime que le projet diamant est « incroyablement ambitieux » et envisage de l’exporter partout dans le monde. Mais le plus grave est que le ministre de la culture du nouveau gouvernement anglais, Matt Hanckock, l’approuve chaleureusement : « Alors que la proportion des BAME dans l’industrie des images anglaise augmente, nous voulons une plus grande mobilité sociale et plus de diversité dans le secteur des arts. (…) Le projet diamant est un exemple éclatant de la manière dont la TV anglaise montre la voie. Le gouvernement, d’accord avec l’industrie, veut voir la diversité augmenter à la fois sur l’écran et en dehors, et cette initiative prise pour la première fois dans le monde est un pas dans cette direction. » On se demande pourquoi, dans ces conditions, les Anglais ont voté pour le Brexit !
 

Pauline Mille