La plus grande école musulmane de Stockholm a été rappelée à l’ordre par l’inspection publique de l’éducation en Suède pour avoir mis en place des cours de gymnastique séparés pour les garçons et les filles. L’école privée Al-Azhar, qui revendique le titre de « plus importante école indépendante d’Europe du Nord avec un profil islamique », a décidé d’adopter cette solution en affirmant que les filles ne peuvent enlever leur foulard et se vêtir d’un simple T-shirt en présence de garçons. Cela est inacceptable dans un « pays ouvert et tolérant », ont déclaré les officiels suédois, pour qui même un cours de gymnastique ne saurait être non-mixte.
Selon le professeur de gymnastique, Nina Da Mata, les jeunes filles se sentent pourtant plus à l’aise, « plus en sécurité lorsqu’elles se trouvent dans leur propre groupe ». Elle a expliqué au journal syndical de l’Union des enseignants suédois que nombre des élèves filles souhaitent enlever leur voile et porter shorts et T-shirts en cours de sport. « Ce serait difficile s’il y avait des garçons du même âge ou un professeur masculin », a-t-elle expliqué.
En Suède, une école islamique dénoncée pour avoir séparé les filles des garçons en cours de gymnastique
L’école est confessionnelle. Elle accueille 660 élèves et emploie quelque 120 enseignants et autres responsables. Fondée en 1995, elle prévoit l’enseignement de l’islam en tant que matière à part entière et donne aux élèves la possibilité de prier pendant les heures d’école. En tant que telle, et puisqu’elle est officiellement accepté comme telle, il semble logique qu’elle applique les principes et les exigences vestimentaires de l’islam. Après tout, c’est une institution privée choisie par les parents au titre de leurs convictions religieuses et de leurs droits éducatifs. Si c’est l’islam qui pose un problème, il vaut mieux le dire clairement.
Mais ce n’est pas le cas. Les autorités suédoises ne voient aucun inconvénient à ce que l’islam soit enseigné alors qu’il ne s’agit pas seulement d’une religion, mais d’un système politique à visée totalitaire. Les autorités éducatives suédoises se contentent de mettre en cause un choix qui relève décidément de la liberté d’élever ses enfants comme on le souhaite : elles dénoncent la « ségrégation sexuelle » et l’affaire a déclenché un scandale médiatique, où chacun se demande si l’école ne viole pas les droits de l’homme.
Paradoxe : l’école musulmane épinglée n’est pas une école non-mixte
Le directeur de l’école, Hussein Ibrahim, a indiqué lors d’une interview télévisée que ce sont les jeunes filles elle-même qui avaient demandé à bénéficier de cours de gymnastique séparés afin de pouvoir faire du sport : « Regardez n’importe quel sport dans le monde, vous verrez que les hommes et les femmes jouent dans des équipes différentes. » Manière de déplacer le problème. La vraie question est pourtant de savoir si les parents, ou les élèves, ont droit de préférer la non-mixité, et de savoir si celle-ci est dégradante, néfaste, contraire aux droits de l’homme… Ou non.
De nombreuses études rejoignent aujourd’hui le sens commun pour dire que les garçons et les filles n’ont pas des besoins éducatifs identiques et évoluent de manière différente : on constate notamment que filles comme garçons ont de meilleurs résultats et progressent mieux dans des écoles secondaires non mixtes. Le dire est politiquement incorrect, mais les faits sont là.
Le ministre suédois de l’éducation, Gustav Fridolin, a fait savoir qu’il ne comprenait pas comment les inspecteurs avaient pu, avant que le « scandale » n’éclate, approuver les cours de gymnastique séparés à l’école Al-Azhar. « Nos programmes et nos documents de politique générale sont très clairs sur le travail en faveur de l’égalité de genre… Nous avons le devoir d’œuvrer contre des normes de genre dépassées et de construire des environnements sûrs entre filles et garçons, où filles et garçons se rencontrent », a-t-il expliqué.
Les droits naturels des parents et la lutte contre les particularismes d’une école en Suède
Il a ajouté que « toutes les écoles ont la responsabilité de créer un climat de sécurité entre garçons et filles, on ne peut séparer les élèves… ce n’est pas une bonne manière de travailler ». Le ministre a promis de faire les « ajustements nécessaires » et d’analyser les lois afin d’éviter la « ségrégation sexuelle » dans les écoles, applaudi en cela par les quatre partis politiques de centre-droit de l’opposition « Alliance ».
Notez que toute cette polémique ne porte même pas sur le droit de choisir une école non mixte pour ses enfants, qui constitue pourtant un droit des parents en leur qualité de premiers éducateurs, mais seulement sur l’organisation de cours de gymnastique séparée. C’est dire si le progressisme suédois va loin !
C’est bien pour cette raison qu’il faudrait plus de clarté dans l’attitude à l’égard de l’islam : il ne s’agit pas de démanteler des droits et des devoirs liés à la loi naturelle en se bornant à dénoncer certaines exigences de l’islam, par peur de poser la question de sa vérité et de l’opportunité de le laisser prospérer dans des pays de tradition chrétienne.