Séparation de l’Ecole de l’Etat : l’exemple suédois

Séparation Ecole Etat Suédois
 

La baisse de niveau de l’école dans toutes les nations d’Europe mesurée par les classements internationaux (PISA, PIRLS, etc.) force les gouvernements à chercher des solutions pour éviter le naufrage. La Suède, l’un des pays les plus brutalement touchés par l’immigration massive, principal facteur du désastre, essaye avec un certain succès une expérience inattendue pour un vieux système de culture sociale-démocrate : la séparation de l’Ecole et de l’Etat. La mise en concurrence sauve les meubles et évite à l’enseignement suédois les scores humiliants de l’Allemagne et de la France.

 

Etat providence : la fin du modèle suédois

Les vieux Suédois habitués à l’omniprésence de l’Etat Providence n’en reviennent pas. Voilà encore trente ans, l’école privée n’existait pratiquement pas : elle accueillait à peine 1 % des élèves. Et puis, pour débarrasser l’Etat d’un poids qui l’asphyxiait, les socio-démocrates eux-mêmes ont commencé des réformes qui transféraient aux municipalités la responsabilité de l’école, avec toute latitude dans l’emploi des crédits. En 1992 était alloué aux familles un chèque éducation qu’elles sont libres de donner à toute école privée ou publique de leur choix, et en 1994 l’Etat décidait de donner la même dotation à une école privée qu’à une école publique. Résultat : aujourd’hui 16 % des élèves fréquentent une école privée dans le primaire, et 33 % dans le secondaire.

 

L’école suédoise victime de l’invasion migratoire

Cela ne va pas sans déceptions, car le boom des écoles du privées a entraîné des abus, et l’Etat suédois, chargé de la surveillance du système, a dû fermer 25 écoles ces cinq dernières années. Mais cela a permis à l’école suédoise de limiter les dégâts. L’invasion migratoire a en effet été plus brutale là-bas que nulle part ailleurs : de 1 % d’immigrés non européens dans les années 70, la proportion est montée à 15 %, en comptant les « demandeurs d’asile ». Et selon l’OCDE, « en 2014-2015, la Suède a vu le plus grand flux de demandeurs d’asile par habitant jamais enregistré dans un pays de l’OCDE ». L’effet ne s’en est pas fait attendre. Alors que les Suédois avaient des résultats honorables au classement PISA dans les années 2000 (10ème, 16ème et 11ème selon les matières), ils ont plongé à la 37e ou 38e place, mais ils ont remonté en 2018 (11e, 18e, 20e) et demeurent en 2022 devant la France, malgré de nouvelles vicissitudes.

 

Changer une équipe qui perd : séparation de l’école et de l’Etat

Sans doute les écoles privées font-elles du profit, mais elles font aussi faillite, ce qui régule la qualité. Et surtout, elles s’adaptent mieux au terrain hétérogène malheureusement façonné par l’immigration, comme le notait un ancien maire conservateur dans M, le magazine du Monde : « Le principe d’une école uniforme ne fonctionne pas. Les enfants ne se ressemblent pas, ils apprennent différemment. Nous avons besoin de diversité et de permettre aux élèves et à leurs parents de choisir l’école qui leur convient le mieux et d’éliminer celles qui ne leur plaisent pas. » Cela suppose non seulement plus d’écoles privées, mais la fin de l’ingérence de l’Etat dans la gestion et la pédagogie de l’école. En un mot, la séparation de l’Ecole et de l’Etat, pour mettre fin à l’une des plaies de la république française.

 

Pauline Mille