War dogs pourrait être diffusé en France sous son titre traduit, mot à mot, qui signifie exactement la même chose en français, soit les chiens de guerre. L’expression, peut-être un peu passée de mode, désigne les trafiquants d’armes, qui approvisionnent directement les belligérants d’un conflit. War dogs décrit les aventures d’entrepreneurs américains, un duo de cousins juifs, dont l’un totalement inexpérimenté dans ce secteur initialement, qui ont réussi à prendre une dimension commerciale importante en remportant des appels d’offres réguliers de l’armée américaine. Leur entreprise a bénéficié du système des appels d’offre sur internet de l’armée américaine ouvert à tous, et effectivement accessible à tous pour les petits contrats, typiquement des armes légères ou des munitions, et non les chars ou les chasseurs-bombardiers neufs. Il avait été mis en place suite au scandale des contrats dits de la reconstruction de l’Irak en 2003 : ils avaient été passés de gré à gré, soit sans appels d’offres, directement entre l’Etat et de grandes entreprises; ils avaient été très chers, pour des résultats plus que discutables, et attribués systématiquement à des firmes dirigées par des amis personnels et anciens collègues de travail du vice-président républicain de l’époque Richard Cheney.
Le film comprend une dimension quasi-documentaire, intéressante, voire passionnante. Les circuits d’approvisionnement parallèles de la petite entreprise, souvent implantés en Europe de l’Est, sont bien montrés, tout comme les difficultés de livraison ; approvisionner en temps et heure l’armée américaine en Irak a pu être parfois fort difficile, nul doute. En effet, des stocks d’armements « atypiques », comme des munitions de calibre 7,62 (soviétique) ont été redistribuées massivement par l’armée américaine à des auxiliaires ou alliés locaux irakiens ou afghans. Ce point est justement précisé dans le film.
Les limites majeures fort pénibles de War dogs et son indiscutable intérêt quasi-documentaire
War dogs a pris le ton d’une comédie. Pourquoi pas ? Il y a comme une morale de comédie dans cette histoire. Le fondateur de l’entreprise détruit lui-même son commerce prospère par l’excessif appât du gain, omettant de payer des fournisseurs maffieux albanais ou des collaborateurs et associés américains, qui le prendront fort mal. La malhonnêteté ne paiera pas. Le système de ces appels d’offre de l’armée américaine sur internet ouvert à absolument tous paraît assez incroyable, mais a effectivement existé.
Par contre, nous déplorerons la vulgarité des répliques et des personnages, les plaisanteries obscènes récurrentes, certainement calquées sur le réel, mais absolument inadmissibles dans un film à destination du grand public. De même, si les personnages se droguent, le fait pourrait être suggéré, et non montré aussi crûment. Ces limites majeures s’avèrent fort pénibles pour le public honnête, quel que soit l’indiscutable intérêt quasi-documentaire du film par ailleurs.