Parmi les actions que compte entreprendre Donald Trump dès le « premier jour » de sa présidence, il a annoncé dans une courte vidéo qu’il entend organiser le retrait des Etats-Unis du partenariat transpacifique (TPP), le frère jumeau de TAFTA, le Traité transatlantique. Lors de cette présentation des cent premiers jours à la Maison Blanche, a-t-il promis, il présentera une notification d’intention à cet effet. Le partenariat, quoique signé par les Etats-Unis, n’a pas encore été ratifié, et son avenir est désormais incertain.
Le président-élu axe son discours sur le nationalisme économique. Il a promis d’emblée, dans cette vidéo mise en ligne sur YouTube, de rapatrier la production de l’acier et des voitures, et de prendre un nombre de mesures favorables à l’emploi en vue d’un objectif global : « Reconstruire nos classes moyennes », comme il dit.
« Pour ce qui est de l’énergie, j’annulerai les restrictions tueuses d’emplois sur la production d’énergie américaine, y compris le gaz de schiste et le charbon propre, ce qui créera de nombreux millions d’emplois à forte rémunération », a déclaré Donald Trump. C’est une charge directe contre les réglementations écologiques et les termes de l’accord sur le climat adopté par les Etats-Unis à la suite de la COP 21 à Paris.
Les cent premiers jours de Donald Trump centrés sur l’économie
Il s’est également engagé à mettre en place une spectaculaire simplification administrative, en s’engageant à ce que pour chaque nouvelle règle établie, deux anciennes règles soient éliminées.
La défense n’arrive qu’après, dans la liste des priorités de Donald Trump : s’il déclare vouloir mieux armer l’Amérique contre toute les formes d’attaque, il entend mettre au premier plan les cyberattaques qui prennent donc le pas sur les attaques terroristes. Celles-ci n’ont pas été nommées au cours de cette brève déclaration d’intention.
L’immigration elle-même sera gérée dans un premier temps, dès ces premiers 100 jours, par le biais d’ouverture d’enquêtes réalisées par le Département du travail pour traquer toutes les formes d’abus du système actuel de visas qui « font du tort aux travailleurs américains ». Il ne s’agit donc pas d’une recherche systématique des clandestins, au moins dans ce premier temps, mais de voir dans quelle mesure l’immigration légale permet des fraudes ou entraîne des effets indésirables pour l’emploi des citoyens des Etats-Unis. Le choix est moins radical que celui auquel on pouvait s’attendre au vu des promesses de campagne.
Donald Trump veut également moraliser la vie publique – une entreprise qu’il classe au chapitre de la « réforme de l’éthique » en vue de commencer à « assécher les marais ». Pour cela, une mesure interdira immédiatement au personnel exécutifs de l’administration de faire du lobbying pendant cinq ans après avoir quitté leur poste ; l’interdiction sera même à vie pour ce qui est du lobbying pour le compte de gouvernements étrangers.
Donald Trump parle d’éthique, mais pas de respect de la vie
Mais dans ce chapitre de l’éthique, on cherche en vain des mesures pour le respect de la vie. On se souviendra que George W. Bush avait dès le premier jour de son entrée en fonction ré-instauré la « Mexico City Policy » interdisant aux ONG américaines recevant des fonds publics de promouvoir ou de fournir des avortements à l’étranger – avec quelques exceptions toutefois. Cette politique avait été annoncée dans son discours d’investiture. On verra ce que fera Trump.
Plus que tout autre chose, économie et sécurité seront au cœur du nouveau programme présidentiel.
Le retrait des Etats-Unis du Partenariat transpacifique est sans conteste la mesure la plus spectaculaire.
Le retrait américain déséquilibrerait fortement le partenariat qui implique 12 pays et 40 % de la richesse globale, et aboutirait probablement à le démanteler. Il semblerait que le premier ministre japonais, Shinzo Abe, ait tout fait pour tenter de convaincre Trump de revenir sur ce projet lors de leur rencontre il y a quelques jours. Le retrait des Etats-Unis, a-t-il déjà indiqué à son parlement selon l’agence de presse Kyodo, aura « sans aucun doute » pour conséquence de revigorer un nouveau partenariat régional auquel la Chine est partie avec le Japon et tous autres pays d’Asie, y compris l’Australie et la Nouvelle-Zélande, sous le titre de Regional Comprehensive Economic Partnershio (RCEP), en cours de négociation depuis 2013.
Le retrait du Partenariat transpacifique met la Chine au centre d’un nouveau pôle
Ce serait un vrai bonus pour la Chine, actuellement le poids-lourd économique du RCEP. La Chine a décliné l’invitation à faire partie du TPP, affirmant que celui-ci avait pour objectif de l’isoler sur le plan politique et économique. Selon la nouvelle donne, elle pourrait accroître son poids dans la région et dans les instances de libre échange régionaux.
Cela dit, la Chine multiplie actuellement les déclarations anti américaines, accusant « l’autre » poids lourd de l’économie mondiale de vouloir revenir sur le principe du libre-échange et du globalisme, et ce pour des raisons d’intérêt national propre. C’est du moins ce qu’affirme Da Wei, expert à l’Institut chinois des relations internationales contemporaines : « La Chine tire profit de la globalisation et la Chine n’est pas désireuse de voir se retirer la marée de la globalisation. »
Tout cela se réduirait-t-il à des conflits d’intérêts particuliers des nations ? C’est un facteur à prendre en compte, sans doute, mais on peut aussi lire les événements dans le sens de l’accroissement du poids de la Chine sur la politique et même sur la gouvernance globale.