Le très influent « anarchiste de gauche » Noam Chomsky, toujours le bienvenu sur les plateaux de Russia Today, a déclaré à la chaîne russe que la poussée favorable aux partis de « droite » et « anti-établissement » en Europe est le résultat de l’échec des politiques néolibérales mises en œuvre dans l’UE, et qu’elle conduira probablement à l’effondrement de l’Union européenne. Selon le célèbre linguiste et philosophe américain, il s’agirait d’une « évolution tragique ».
Noam Chomsky est persuadé que Marine Le Pen a de bonnes chances de remporter l’élection présidentielle au printemps en France, avec pour suite probable un « Frexit », ou Brexit à la française. « Je ne pense pas que l’Allemagne initierait le mouvement parce qu’elle est bénéficiaire de l’Union », a-t-il déclaré.
Pro-palestinien, largement antiaméricain et en première ligne des mouvements sociaux qui se multiplient à l’échelle mondiale depuis quelques années, Chomsky dénonce la raison pour laquelle le mondialisme est actuellement en perte de vitesse dans les esprits : on pourrait résumer cela par le désenchantement face aux effets du libre échangisme mondial qui profite au petit nombre des très riches.
Sur rt.com, Noam Chomsky annonce l’éclatement de l’UE
Tout cela contribue à promouvoir un autre type de mondialisme ou une nouvelle étape du mondialisme : l’étape de la socialisation mondialisée ou socialisme mondial qui est, si l’on veut bien y réfléchir, l’objectif de toujours du communisme.
Chomsky se joint donc une nouvelle fois aux critiques des néolibéraux que l’on trouve aussi bien à gauche qu’à « droite » pour dire que la politique de ces derniers est la cause directe d’une montée significative de la popularité des partis dits « de droite ». « Ces programmes ont été conçus de telle manière qu’ils allaient conduire à la stagnation et même au déclin pour une grande partie, et même pour la majorité de la population. Ils ont également profondément sapé la démocratie, et c’est encore plus vrai en Europe qu’aux États-Unis. »
En anglais, Noam Chomsky a employé le mot « designed », que nous traduisons ici par « conçus », pour désigner une volonté délibérée d’aboutir au résultat que nous voyons aujourd’hui. C’est en effet celui d’un appauvrissement des classes moyennes dans les pays développés, en ce sens notamment que les jeunes y attendent un niveau de vie en moyenne moins élevée que celui de leurs parents, sous la double pression du chômage et des prélèvements obligatoires. Tout cela était-il donc voulu ? Cela veut dire, en deux mots, que le mondialisme l’a voulu.
Remplacer les politiques néo-libérales en échec par plus de fédéralisme à l’UE
Selon Chomsky, l’intégration européenne est néanmoins l’une des « plus grandes réussites de la période post-Seconde guerre mondiale », même si en pratique elle présente aujourd’hui un dysfonctionnement pratique.
La solution, selon lui, et, sans surprise, davantage d’Europe, une Europe plus socialisée.
« L’établissement d’une monnaie unique sans structure politique adéquate mène droit dans le mur », a-t-il commenté. Il déplore qu’il n’y ait « pas de mécanisme pour que les secteurs riches prêtent assistance aux secteurs pauvres aux moments difficiles » au sein de l’Union européenne.
Et de critiquer la « structure rigide » qui pèse sur la Grèce ou l’Italie, privées du « contrôle sur leur monnaie » mais « sans système compensatoire tel qu’il en existe dans une structure fédérale comme celle des Etats-Unis ». Noam Chomsky note qu’« en Europe, quels que soient les élus, où qu’ils se situent sur le spectre politique, les politiques seront les mêmes, parce qu’elles ne sont pas définies par les politiques de leur pays » : elles remontent toutes à des « bureaucraties non élues » qui empêchent un pays membre de l’Union européenne d’agir conformément à son propre intérêt.
Noam Chomsky explique que l’UE a programmé l’échec des classes moyennes
Et voilà, sans surprise encore, Noam Chomsky qui salue le projet du mouvement du ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, qui cherche à préserver l’UE en prenant à bras-le-corps les problèmes qu’on y rencontre. Pour lui, Donald Trump ne correspond pas à ce modèle « anti-établissement », puisque son ministre des finances est issu de Goldman Sachs et que les actions dans le monde de la finance ont « monté jusqu’au ciel » après son élection.
Alors, Trump est-il ami des russes ou non ? Ami de la haute finance, ou non ? La réponse de Chomsky, volontiers relayée par rt.com, va clairement dans le sens du « non », en même temps que Chomsky prêche toujours une reconstruction du mondialisme… Cette reconstruction qui se trouve être aussi promue par les grandes institutions mondialistes comme le Forum économique mondial. On n’a pas fini de constater que tels paradoxes apparents.