En Chine, le communisme fonctionne toujours aussi bien et la ligne du parti – rien à voir avec la vérité, bien sûr, cette catégorie n’est pas communiste ! – s’impose sans merci. Un professeur d’université de la province de Shandong a été débarqué de son poste de conseiller des autorités provinciales, après quoi il lui a été demandé de prendre sa retraite. Deng Xiangchao, 62 ans, avait eu le tort de retweeter une remarque satirique sur Mao Tsé Toung : enseignant dans une faculté d’architecture, il n’a pas précisément un rôle d’idéologue officiel mais cela a suffi.
Le quotidien anglophone contrôlé par le parti communiste rend compte de cette nouvelle de manière surréaliste. Le Global Times rapporte certes la sanction imposée à Deng Xiangchao par le comité du Parti de l’université, qui l’empêche d’avoir une quelconque activité liée à l’enseignement soit sur le campus, soit ailleurs. Le journal souligne également que Deng a perdu tous ses postes officiels – il était membre du comité permanent du comité de la conférence consultative politique du peuple chinois de la province de Shandong, en même temps qu’il conseillait le gouvernement de la province. Mais savoir ce qu’il a dit ? Pas question !
Deng Xiangchao sanctionné pour un tweet critique sur Mao
L’article évoque simplement le « mauvais comportement » de Deng relatif à de « faux discours » : il lui est reproché d’avoir mis en ligne des commentaires « erronés » sur son micro blog personnel. C’était un « grave problème qui avait conduit à un mauvais effet sur le public ». Ce ne sont pas ces explications-là qui permettent au lecteur de comprendre ce qui s’est passé, pas plus que cette précision sibylline : « Deng, 62 ans, a mis en ligne des commentaires sur Mao sur Weibo à la veille du 123e anniversaires de Mao, qui tombe le 26 décembre. »
Qu’a dit ? Qu’y avait-il d’erroné ? On ne le saura pas ; les autorités comme les médias communistes ne répercutent pas des propos pouvant entacher la glorieuse mémoire du père de la Révolution culturelle et son cortège d’innombrables victimes. A croire qu’ils sont trop dangereux – trop vrais ! – pour ne pas avoir des répercussions inquiétantes pour le pouvoir…
Pas de place à l’université pour la mise en cause de l’idéologie de Mao : un professeur mis à la retraite
Ce que l’on sait en revanche, c’est que ce « grave problème » a conduit des groupes maoïstes à organiser des manifestations aux abords de l’université dans la capitale provinciale de Jinan, arborant des bannières avec cette inscription, toujours d’actualité en Chine rouge : « Quiconque s’oppose au président Mao est un ennemi du peuple. »
Message reçu cinq sur cinq par le pouvoir et par les médias : c’est bien pratique lorsque l’idéologie officielle reçoit le soutien du « peuple »…
La presse libre – plus difficile d’accès en Chine – comme Radio Free Asia apporte quelques utiles informations. Les groupes de maoïstes venus au secours de l’idéologie communiste chinoise n’ont pas hésité à tabasser un groupe de militants des droits de l’homme qui eux, étaient venu soutenir le professeur. Plusieurs témoignages font état de violences à l’égard d’un manifestant qui ne peut se déplacer qu’avec des cannes ou d’une femme sexagénaire, Zhang Yue, violemment poussé au sol. Wang Chuanhui, lui, a été battu à l’aide de barres d’acier – il a fini à l’hôpital.
Tout cela sous les yeux de la police, indifférente.
Anne Dolhein