Your name, soit ton nom, en fait sous une forme interrogative « quel est ton nom ? », est le titre de diffusion international en anglais d’un dessin animé japonais. Il reprend la tradition du manga fantastique, qui fait appel à la mythologie shintoïste traditionnelle, mêlée du bouddhisme très particulier de l’archipel. Les paysages, en particulier de la campagne montagneuse située au bord de la mer du Japon, sont magnifiques ; la ville de Tokyo, reconstruite après 1945 et objectivement laide, l’est moins qu’en réalité colorée par la technique du dessin animé. Le film a été un des plus grands succès du cinéma japonais, un phénomène de société, avec plus de 10 millions d’entrée pour le public national. Aussi avons-nous vu par curiosité ce conte nippon, malgré un thème pour le moins bizarre, sinon de mauvais goût : un lycéen de Tokyo et une lycéenne de la campagne se découvrent selon un procédé peu courant…Ils échangent parfois par télépathie leurs pensées, voire, chose extravagante, se projettent dans le corps de l’autre…Précisons que si ce thème induit un comique parfois discutable, jouant sur le fait que les comportements des deux sexes sont franchement différents – en ce sens, ce n’est pas du gender puisque l’échange est tout sauf évident – il ne comporte rien de déplacé, et il n’y a en particulier, heureusement, aucune sexualité. Peut-être s’agit-il d’une parabole sur l’amour invitant à se mettre à la place de l’autre ?
 

Your name ne suscite pas une franche et totale approbation

 
Le film est-il pour autant visible pour les enfants ? Ne comportant stricto sensu rien d’indécent à l’écran, nous n’en sommes pas persuadé, du fait de ce procédé étrange au cœur de l’intrigue. Les dieux traditionnels japonais sont réputés pour leur esprit facétieux. S’ils sont plutôt bienveillants, ils réaliseraient couramment des farces de ce genre. Une grand-mère lucide ne s’en étonne pas particulièrement…Le kami –ou dieu local- aurait réalisé, à sa manière, le souhait de la jeune fille, sa prêtresse, souhaitant se réincarner en homme à Tokyo. Ce ne sera pas le cas in fine, et l’histoire évoluera vers une relation des plus classiques, ce dont on ne se plaindra assurément pas, au contraire.
 
Par ce procédé étrange, le jeune homme et la jeune fille finissent donc par se connaître, s’apprécier, s’aimer. Le dieu farceur, pour compliquer leurs retrouvailles dans le monde réel, leur impose en outre régulièrement une amnésie sur le nom de l’être aimé, d’où le titre Your name. De nombreuses péripéties font que le spectateur ne s’ennuie nullement. Esthétiquement superbe par moments, Your name ne suscitera pas une franche et totale approbation, du fait de son thème quand même saugrenu.
 

Hector JOVIEN