Jackie est le prénom, d’usage très courant et tout de suite compris aux Etats-Unis, de Mme Kennedy, l’épouse du président américain de ce nom. Le film s’intéresse à son personnage officiel, avec une action centrée sur l’évocation de la semaine cruciale qui a suivi l’assassinat de son mari. Evidemment, en soi, elle intéresse moins que son mari, président (1961-1963) élu en 1960 par les citoyens américains, très controversé de son vivant et idolâtré après son assassinat à Dallas le 22 novembre 1963.
Jackie est montrée en veuve exemplaire, à la fois effondrée de douleur, mais particulièrement ferme et déterminée, imposant ses volontés face aux suggestions bienveillantes et directives de la mère comme du frère du défunt. Ses prérogatives de veuves ont donc été respectées. Les enjeux dramatiques sont relativement faibles : le président est mort, comment l’enterrer ? La veuve tient à des cérémonies nationales, et à s’inspirer du plus célèbre des présidents américains assassinés en fonction, Abraham Lincoln en 1865. Il y en a eu d’autres, qui ont été complètement oubliés. Quel a été le bilan réel de son mari ? Il a prononcé de nombreux discours, mais a fait finalement peu de choses concrètes, en seulement deux ans de gouvernement (1961-1963). Sa gestion de la crise des missiles de Cuba en 1962, demeurée elle dans l’Histoire et considérée comme adéquate, a succédé à l’échec flagrant de la politique américaine vis-à-vis de la grande île durant les années précédentes. Un grand enterrement télévisé, dont on se souviendrait, saurait marquer l’Histoire. Force est de constater que Jackie Kennedy a eu raison.
Jackie, fort bien traité et interprété
Le film tient bien sûr de l’hagiographie. Mme Kennedy avait des connaissances en Histoire de l’Art, discipline étudiée à l’Ecole du Louvre à Paris. Elle a mené, par souscriptions, et non avec l’argent public, des campagnes pour le retour des meubles historiques à la Maison Blanche. Il était de tradition de disperser le mobilier d’un président sortant plutôt que de le conserver, à l’exception de quelques reliques. Cette action n’a pas marqué l’Histoire mais, dont son rôle de présidente, elle a été utile certainement. Les quelques faiblesses du personnage sont suggérées, ce qui évite l’hagiographie sans nuance, avec par exemple cette peur irrationnelle de tomber dans la pauvreté…Signalons seulement que M. et Mme Johnson sont inutilement noircis dans le film. Non, il n’a pas eu l’inhumanité de n’accorder que 24 puis 48 heures à la veuve du locataire précédent de la Maison Blanche pour vider les lieux…
Jackie, avec un sujet historique certes un peu mineur, est fort bien traité et interprété et malgré la difficulté, Natalie Portman arrive à disparaître dans son personnage de Jackie.
Hector JOVIEN